Objectif Cinéma :
C'est assez rare de présenter
un produit fini, l'usage est de présenter un scénario
non ?
Tom Dercourt : Oui,
cependant c'est beaucoup plus facile. Quand tu présentes
des images c'est oui ou c'est non. Soit la personne sort
de la salle emballée, soit elle n'aime pas. Si c'est
favorable, après, c'est juste une histoire de savoir
combien, comment , oui mais quoi...
Objectif Cinéma :
A quel problème es-tu confronté
lorsque tu présentes un film sur scénario
?
Tom Dercourt : C'est
une autre manière de procéder. Tu peux les
faire rêver sans les images. Alors que lorsque le
film est fait, ils ne rêvent plus : ils le voient.
Il existe une culture du scénario en France que nous
n'avons pas aux Films à un dollar. Pour l'instant
je n'ai jamais tourné un film à partir d'un
scénario très écrit. La culture du
scénario, c'est l'Avance sur recettes, tu vas voir
les chaînes avec le scénario, bref tu galères.
Quand je vais les voir avec un synopsis de 15 pages, ils
me jettent en me disant : " si ça se plante
trop on nous reprochera de ne pas avoir eu de scénario.
" Ici le cas est différent, on arrive en disant
: " que vous en vouliez ou pas , certains en ont voulu
puisque le film est là. " La chaîne de
télé se dit alors : c'est bien d'avoir mené
le truc jusqu'au bout, et ils achètent. Pas cher,
mais suffisamment pour que je puisse finir le film.
Objectif Cinéma :
Le film s'est tourné avec
près de 150 000 Francs. Plutôt encourageant
de voir deux cinéastes qui avec cette somme réalisent
un film d'une heure en 35 mm !
Tom Dercourt : Le
film s'est tourné en 16 avant d'être gonflé
en 35 mm. Ce qui est déjà très bien.
Leur film est rare, il n'est vraiment pas commun, avec une
esthétique toute personnelle. Ils sont très
simples, très humbles par rapport à ce qu'ils
ont fait. Ils sont assez conscients du fait qu'étirer
une durée de tournage sur près de quatre ans
c'est vraiment trop long. Il y a forcément des choses
qu'ils regrettent, des erreurs de jeunesse. De l'eau a passé
sous les ponts, tu vois les choses différemment .
Mais les spectateurs voient ces quatre ans en une heure...
Enfin, quoi qu'il en soit, je suis très content d'avoir
produit ce film.
Objectif Cinéma :
Comment se gère le parcours
d'un film aussi atypique. Où va-t-il sortir ?
Tom Dercourt : Il
sort le 30 mai. Il y a des salles qui veulent le passer.