Objectif Cinéma :
Quel est la différence dans
le travail avec des décors fabriqués et des
décor naturels ?
Laurent Gabiot : Le
problème réside dans le fait qu'un décor
ne sonne pas. L'acoustique est souvent mauvaise car on travaille
dans une petite pièce en carton alors qu'on se trouve
dans un studio de 6 mètres de haut. Il y a un décalage.
Objectif Cinéma : Dans
quel cas un décor s'avère-t-il indispensable
? On apprend souvent que la distance critique pose problème
dans des scènes de salles de bains, de cuisines...
Laurent Gabiot : Oui,
il est difficile de travailler au son dans certains décors
naturels.
Si on veut faire tout une scène dans un train, ça
peut être intéressant d'avoir un décor
pour enregistrer et monter les sons de trains que l'on désire.
L'avantage du décor, c'est qu'on peut s'affranchir
de toutes les nuisances sonores qu'on pourrait avoir en
décors naturels. Par exemple, il est difficile de
trouver un lieu propice au tournage d'un film d'époque.
Le décor est plus un choix pour l'image que pour
le son. L'image prime toujours. Pour le son, tout se joue
dans la réverbération et les sons extérieurs
ou les sons de parquets qui grincent. Le plus souvent, on
s'arrange avec les comédiens. Pour les scènes
de dîner, on isole le sol, on met de la moquette.
Un exemple tout simple : pour un claquement de porte un
peu trop métallique, on met un peu de gaffer.
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Par la suite, le pré-mixage
des paroles est très important, on fait des équalisations
très poussés. Cela correspond à un
étalonnage sonore. On travaille beaucoup sur les
voix, afin qu'elles correspondent à l'atmosphère
du film. Il y a aussi un problème technique : la
bande passante du support optique n'est pas toujours parfaite,
les aigus surtout en mono sont un peu faibles. Il y a de
vrais choix artistiques à faire.
En fait, le travail de la prise de son, c'est avant tout
le choix des micros en fonction de telle ou telle voix,
du plan sonore souhaité... C'est assez délicat,
car on va souvent percher plusieurs personnes à la
fois et même dans certain cas jusqu'à percher
avec 2 micros. C'est rare de se dire : " je vais choisir
ce micro pour cet acteur ", mais il existe des ingénieurs
du son qui travaillent de cette manière.