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Objectif Cinéma (c) D.R.

Objectif Cinéma : Et les photographies de plateau qui servent à l'exploitation des films, je pense au portrait de Charlotte Rampling pour l'affiche de Sous le sable…

Jean-Claude Moireau : Il faut savoir quand on fait ce métier que l'on cède souvent ses droits, et son droit de regard au moment de la sélection. En général on ne contrôle pas grand chose alors que la plupart des photographes sont extrêmement vigilants… Il y a des gens spécialistes pour choisir les photos dites " d'exploitation ", ce n'est pas moi qui les choisis (mais je sélectionne quand même celles que je remets à la production en fin de tournage). À propos de Sous le sable, personnellement je n'aurais peut-être pas choisi cette photo-là. Mais il est vrai qu'avant la sortie du film, j'ai beaucoup apprécié que François Ozon et Laurence Petit de chez " Haut et Court " m'aient associé à la pré-sélection. Malgré tout, je constate souvent qu'à partir d'un même négatif (je pense à la photo des mains posées sur le visage de Charlotte Rampling), selon les tirages, selon les magazines et la qualité de leur papier, la photo peut " sortir " complètement différente (densité, contrastes, couleurs et même netteté !). Il vaut mieux ne pas avoir un ego démesuré ! Pour en revenir à la photo de l'affiche, qu'on a beaucoup vue et reconnue, je tiens à souligner que Charlotte Rampling dégageait vraiment quelque chose de rare… En général, j'aime bien montrer assez vite quelques épreuves de lecture aux comédiens (une façon de les rassurer et de me rassurer moi-même ?). Quand j'ai montré les premières photos à Charlotte, je lui ai demandé si elle souhaitait que je procède différemment (il faut s'adapter à chaque comédien et j'avais remarqué qu'autant elle pouvait être gênée lorsque quelqu'un était dans son regard, autant elle rejouait volontiers la scène pour moi après la dernière prise. Elle m'a dit : " Surtout ne change rien ! "

D'autres comédien(ne)s auraient parfois préféré que je travaille avec un blimp (caisson étanche qui permet de prendre sans bruit des photos pendant les prises). Je n'en possède pas encore (ils ne sont commercialisés qu'aux Etats-Unis), je m'équiperai sans doute un jour prochain de cet accessoire, très utile pour les séquences qu'on ne peut décemment pas demander aux comédiens de rejouer (certaines actions) ou lorsque entre chaque prise il y a nécessité de changer intégralement accessoires, costumes ou maquillages… Mais je crois que ce serait une erreur de ne travailler qu'avec le blimp parce que pour la plupart des plans, c'est à l'emplacement précis de la caméra, en tout cas dans son axe, qu'il faut se trouver.


  Objectif Cinéma (c) D.R.

Objectif Cinéma : Et les autres photos qui ne serviront pas à l'exploitation ?

Jean-Claude Moireau : Tous les schémas sont possibles… On nous a habitués à ce que ne soient utilisées que 6 ou 8 photos, quand ce n'est pas 2 ou 3. Je le dis peut-être en tant qu'auteur d'une monographie sur une actrice (" Jeanne Moreau ", publiée aux éditions Ramsay), mais quand on fait une recherche iconographique pour un tel album, qu'on est en quête de photos de tel et tel film ou de telle séquence d'un film, c'est terrible de s'apercevoir que le choix se limite à une ou deux photos ou pire encore qu'il n'y a rien…