Objectif Cinéma :
Cela se ressent, le film est lumineux,
et ta spontanéité y est pour beaucoup
Valentine Vidal : La
difficulté était de garder tous les éléments
du film en équilibre. Mais je suis assez sensible.
J'avais juste à écouter la musique ou regarder
les photos pour que mon émotion surgisse.
Objectif Cinéma : Tu
ne l'as fait pas surgir techniquement ?
Valentine Vidal : Non
pas vraiment : c'est mon corps qui parle.
Objectif Cinéma :
Comment cela se passait-il concrètement
sur le tournage ? Le film dissémine principalement
ses informations par le son
Valentine Vidal :
Quand je jouais, les bandes passaient en même temps
de sorte que j'avais toujours une petite présence
sonore. Ensuite, la caméra tournait autour de moi,
tandis que j'essayais de restituer la teneur des textes
que je venais de lire et que j'entendais donc à nouveau.
Objectif Cinéma : Comment
réceptionnais-tu la musique ?
Valentine Vidal : Ce
fut très fort, cette musique a fait naître
en moi une véritable émotion, mais c'était
tout un ensemble. C'était la maison de Jean-Daniel,
les conditions de tournages sortaient de l'ordinaire : nous
étions tous sur un pied d'égalité.
Les photos m'ont aussi beaucoup aidé à composer,
elles incarnaient un troisième comédien.
Objectif Cinéma :
Cela ne t'a pas décontenancé
cette manière de travailler ? Ce jeu n'est pas très
naturel
Valentine Vidal : Oui,
ce fut difficile, j'avais l'impression de jouer, mais en
même temps, je me sentais coincée, comme si
aucune émotion ne ressortait. Ce fut assez violent
pour moi, Jean-Daniel voulait absolument supprimer toute
gestuelle, de sorte que tout passe dans mon regard. Je le
faisais comme je le ressentais, et par bonheur, ce que je
faisais correspondait à ce qu'il attendait de moi.
Je marche complètement à la confiance, c'est
essentiel entre un réalisateur et une comédienne
: c'est du 50/50.
Objectif Cinéma : Pour
toi, la vérité d'un acteur réside-t-elle
dans le tournage ?
Valentine Vidal : Je
pense. Après, chacun a ses techniques, certains acteurs
vont se reposer trois heures, entreprendre des tas d'exercices
avant de tourner. Pour moi le plus important demeure dans
cet échange entre un comédien et le réalisateur.
Quand tu es sur scène ou face à la caméra,
et que tu ressens intérieurement cette confiance
; tu as envie de donner, de prendre du plaisir.