Objectif Cinéma :
Comment s'est effectué le
passage du théâtre au cinéma ?
Yann Goven : Après
mon passage dans le circuit du théâtre subventionné,
j'ai connu de gros passages à vide. Puis j'ai été
repêché par Pef des Robins des Bois, pour une
pièce comique. Que cela soit être boulanger
ou comédien, il n'y a pas de raison de mal faire
ton boulot. J'avais un agent qui ne s'occupait pas de moi
car j'étais soi disant "ingérable"
. Alors, avec un autre agent, on a bien discuté de
ce que je ne voulais pas faire. Pendant un an, je n'ai pas
fait grand chose, puis il y a eu le casting de De l'histoire
ancienne d'Orso Miret. J'ai été dans une attente
de plus de trois mois, mais j'ai tout de suite senti qu'Orso
travaillait dans le même mouvement que moi. Lui aussi
avait besoin de faire sa place.
Objectif Cinéma : Comment
as- tu abordé ce rôle ?
Yann Goven : Quand
j'étais avec Pef, j'étais aussi sur le casting
d'Orso. Il a voulu me voir, malgré ce qu'on jouait.
Il a vu qu'on pouvait tirer des choses de moi. J'ai enchaîné
avec le film d'Orso. Mais je ne suis pas parti dans une
grotte pour me préparer. Car être seul pendant
des années à ruminer quelque chose, - et ce
n'est pas péjoratif - si on le fait de façon
généreuse, on est chargé. On sent que
notre geste est juste. Il n'y a pas besoin d'en faire des
tonnes: on fend le rocher. Ca ce n'est pas quelque chose
qui s'apprend dans une école. C'est la vie, c'est
tout. Tout ce qu'on fait, tout ce qu'on est, cela vient
de quelque part. Aussi quand un rôle comme celui là
arrive, il faut que tout ton corps soit préparé
à ça. Sinon ce n'est pas la peine, tu ne dépasseras
pas ton personnage, tu ne tireras pas le film vers le haut.
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Objectif Cinéma : Chose
visible chez toi dans Martha Martha... et De l'histoire
ancienne, où tu sublimes le film alors que ce sont
des sujets assez lourds, des personnages assez sombres...
As-tu eu besoin de te laisser transpercer par le contexte?
Par exemple t'es tu documenté pour De l'histoire
ancienne ?
Yann Goven : Si
tu as pleinement vécu auparavant, avec tes objectifs,
alors forcement ça fonctionne. Il ne faut jamais
devenir esclave de ton personnage. Il faut garder de la
distance, que ce soit sur le film de Orso ou de Sandrine
car il faut que l'acteur crée un deuxième
film, qu'il lui donne de l'ampleur. Et le réalisateur
ne peut qu'accepter ce processus. Je suis impressionné
par les gens qui arrivent à faire ça, à
surdimensionner le travail.