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Simon de la Brosse (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comment cela se manifestait-il sur le tournage des Arcandiers ?

Manuel Sanchez : C’était continuellement des questions. Le personnage de Tonio, il le vivait comme un personnage d’inquiétude, il tenait à braver l’adversité, et à se poser la question " Vais-je y arriver ? ", et " Où est-ce qu’on arrive ? ", finalement... " Quel est l’enjeu de toute cette souffrance ? ". Et je pense que ça faisait écho à sa propre souffrance... " Qu’est-ce qui vaut un tel effort sur soi pour continuer à avancer ? ", " Quelles sont les étincelles de lueurs qui sont suffisamment intéressantes pour chaque jour se dire je me lève ? ". Et ce n’est pas toujours évident de répondre et de trouver des éléments positifs pour se lever et continuer à faire ce métier. Il était loin de l’acteur superficiel, il ne voulait pas qu’on se serve de lui seulement comme d’une image. C’était un garçon cultivé qui avait pris le temps de lire.


Objectif Cinéma : Pouvez-vous nous citer une de ses particularités ?

Manuel Sanchez : Il était en effet capable de côtoyer des gens qui n’appartenaient pas à son univers. Je me souviens d’une anecdote sur le tournage du film... Un jour, Simon avait disparu. Il était parti avec un gars boire du vin dans une cave de l’Anjou. Et c’était un brave gars des bords de Loire... Simon avait vécu une parenthèse... Il était lui-même une parenthèse, il s’y abritait. Il ne voulait pas simplement construire une belle phrase, il aimait bien l’arrêter à un moment donné et construire quelque chose en parallèle.


  Sauvage Innocence (c) D.R.

Objectif Cinéma : En parlant de phrases, saviez-vous qu’il écrivait des textes poétiques ?

Manuel Sanchez : Non, je l’ai appris juste après sa disparition, et j’ai été franchement touché par la beauté de ses textes... Comme je m’intéressais à Rimbaud, j’avais été surpris par leur fraternité littéraire, on est dans le même registre, d’illuminations, de déstructuration... On avait parlé de Rimbaud lors d’un festival en Belgique, et il connaissait bien cet auteur... Il s’intéressait beaucoup à la poésie, il s’intéressait également au théâtre, à la musique...


Objectif Cinéma : Simon était bien plus que l’image lisse du jeune acteur promis au succès...

Manuel Sanchez : C’est ce qu’il aurait pu devenir, mais c’est ce qu’il n’a pas voulu devenir parce qu’il n’était pas construit pour ça, il était davantage dans la vie avec sa rugosité que dans une espèce d’image glamour... Il était capable de jouer, mais incapable de tricher. Quand il était mal, il était mal.


Objectif Cinéma : Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de lui ?

Manuel Sanchez : J’aimais son rire. J’en ai parlé avec Jean-François Balmer, qui est l’une des dernières personnes à l’avoir vu rire. Son rire était populaire, franc, il se lâchait complètement, il partait même dans des fous rires parfois, entre les scènes de tournage... C’était des éclats... Il riait aussi avec les yeux, dans la complicité qu’il pouvait offrir. Il avait un œil, c’était du 24 images/seconde, il possédait une intensité dans le regard...