Develin était malade
d’un cancer et il avait subi une lourde intervention chirurgicale
un ou deux ans auparavant. D’ailleurs les assurances ont refusé
de le couvrir durant le tournage, mais son enthousiasme et son
désir de faire le film ont prit le dessus sur tout le
reste. Il a effectué un bon travail sur le tournage et
se sentait bien…
Lorsque nous avons fait un break de deux semaines pendant le
tournage, il a souhaité rentrer sur Paris. Trois jour
plus tard, on nous a appelé pour nous apprendre sa mort.
Ça a été un choc pour l’équipe et
pour moi. Vous comprenez, le groupe s’était déjà
forgé avant le tournage. Nous avions fait plusieurs séances
de lectures à Paris. En dehors du tournage, les comédiens
vivaient ensemble, ils étaient très liés.
La disparition de Develin était prévue dans le
scénario initial, mais il me restait 4 ou 5 séquences
à tourner avec lui… J'ai dû enlever quelques dialogues,
j’ai dû aussi trouver une doublure et réécrire
quelques passages. Tout c’est passé de façon très
brutale.
Objectif Cinéma: Tout au long du film, un sentiment
d’insécurité pèse sur les clandestins.
On sent de votre part une certaine pudeur à évoquer
le risque ultime, c’est-à-dire : la mort potentielle.
Vous prenez des détours dramatiques pour l’évoquer…
Mostéfa Djadjam
:Oui, il y a un jeu avec la mort et avec le pouvoir.
Tout le film est construit sur le modèle du jeu du chat
et de la souris. Mais de façon un peu légère,
avec des montées d’intensité. J’alterne les choses
pour aller vers un contre-pied incroyable et brutal.
Objectif Cinéma
:Le passage du film qui se
déroule à Tanger semble marquer une pause dans
le film. Le statut de clandestin y devient moins encombrant.
Vouliez-vous signifier que Tanger est pour vos personnages
le lieu d’une possible reconstruction ?
Mostéfa Djadjam
:Le danger est toujours présent. Mais dans
une ville, mes personnages se défendent mieux. Cela
ne veut pas dire qu’il y ait une possible Rédemption
pour eux à Tanger. Mais ils peuvent plus facilement
se fondre dans la masse. C’est avec facilité qu’ils
s’intègrent dans des circuits para-économiques.
Ceci leur permet une halte, une respiration, avant d’atteindre
le but ultime. Ils peuvent s’organiser dans une ville où
il y a énormément de trafic et de passeurs.
Tanger est une ville bouillonnante qui leur permet de trouver
d’autres façons de vivre leur clandestinité.
Objectif Cinéma
:Après avoir réalisé
ce premier film, quels sont vos projets ?
Mostéfa Djadjam
: Toujours dans la fiction… Je travaille actuellement sur
deux projets de longs métrages. L'un se tournerait
à Paris, et l'autre, entre l’Algérie et la France.