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Blue Spring (c) D.R.

Objectif Cinéma : On voit qu'a la moitié de Blue Spring, le destin de vos personnages se transforme : Kujo ne veut plus être chef, l'amitié avec Aoki prend fin, Yukio qui veut être membre du groupe d'Ultra-Man devient fou et tue un camarade de classe, Ghost meurt. L'incident avec Yukio bouleverse le professeur-jardinnier qui s'occupe des élèves. Quel est son rôle, notamment avec Yukio ? Ce prof reste-t-il fidèle à ses étudiants ?

Toshiaki Toyoda : Ce personnage est très important pour moi. Il n'existait pas dans le manga de Matsumoto, je l'ai ajouté lors de l'adaptation. Pour moi, le cinéma, c'est de l'ordre de la 'fantasy', on introduit le spectateur dans un monde qu'il va découvrir, que ce soit Le Seigneur des Anneaux ou Harry Potter, ou chez moi, chez les yakusas, les boxeurs, les lycéens... Il faut une clé, un personnage qui ouvre la porte de ce monde. Dans Blue Spring, c'est ce que fait ce professeur. Je me dis qu'il aurait eu la même réaction pour chacun des étudiants qui se seraient trouvés dans la situation de Yukio.


Objectif Cinéma : La scène qui montre la star de l'équipe de baseball décidant de se joindre aux yakusas est très réussie ; le garçon est très digne dans son choix. Les yakusas recrutent-ils les lycéens à la sortie des classes ? Je crois que vous citez un titre d'un film d'Akira Kurosawa dans cette scène.

Toshiaki Toyoda : En effet, comme les grandes entreprises sur les campus américains, les yakusas recrutent dans les lycées. En général, ils attendent le jour du diplôme, à la fin des études. L'acteur dans cette scène que vous citez fut lui-même attendu par 3 familles différentes qui souhaitaient l'avoir dans leurs rangs ! Il dut fuir par la porte de derrière. Mais il a par la suite été membre temporaire d'un clan yakusa. Maintenant, il est devenu comédien professionnel, il espère que le succès se poursuivra, afin de ne pas retourner...vous voyez. Le titre de Kurosawa auquel vous pensez, c'est Pas de regrets pour Notre Jeunesse. Ce genre de phrase, et il y en a bien d'autres, est très importante pour les lycéens un peu durs, qui les écrivent, comme on voit dans le film, à l'intérieur des vestes de leurs uniformes. C'est un code de conduite, d'honneur.


  Toshiaki Toyoda (c) D.R.

Objectif Cinéma : Parlons du tournage : combien de temps, quel genre de matériel, et de trucages avez-vous utilisé lorsque les lycéens frappent des mains dans le vide. Comment avez-vous réalisé ces scènes du rituel qui détermine qui sera le chef de la bande, c'est-à-dire, se balancer dans le vide, du haut du toit du lycée, pour que les acteurs ne se blessent pas ?

Toshiaki Toyoda : Nous avions 3 semaines de tournage, et nous avons filmé en 35mm. Quant au trucage, nous avons fabriqué un deuxième toit sur celui du lycée, sur une plate-forme que nous décalions pour que le sol, 8 étages plus bas, puisse être dans le champ. Nous attachions également les comédiens à des câbles qui furent effacés numériquement, et nous avions installé des matelas sur le toit du lycée.


Objectif Cinéma : Le choix du wide angle, les plans à la grue (crane shot) pour les scènes sur le toit, c'était votre idée ou vous en avez discuté avec le chef-op, M.Kasamatsu ? Et puisque vous aviez un manga au départ, avez-vous établi un storyboard en vous appuyant sur les dessins de Matsumoto ?

Toshiaki Toyoda : Non, je n'utilise pas de storyboard. Mais j'avais des idées précises quant aux plans que je voulais obtenir sur le toit. Le résultat est une collaboration entre le chef-op et moi, nous avons beaucoup préparé avant le tournage, les objectifs, les mouvements de la grue, etc.


Objectif Cinéma : Le rock joue un rôle important dans tous vos films. Qu'est-ce que cette musique apporte à vos films ?

Toshiaki Toyoda : C'est la musique que j'écoute dans la vie, toujours. Et puis le lycée est un univers de garçons, et le rock est la bande-son de ce milieu. Le rapport du rock est viscéralement lié à mes personnages, plus qu'au récit lui-même, comme c'est le cas chez Shinji Aoyama qui l'intellectualise davantage. Pour moi, le rock fait passer le cinéma du statut de 'motion picture' à celui d’'emotion picture'. J'ai utilisé la musique du groupe Thee Michelle Elephant Gun. Vous connaissez?