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L'Etrange Festival 95 (c) D.R.
Objectif Cinéma : L’Etrange Festival projette des copies parfois uniques. C’est l’un de vos "chevaux de bataille", la préservation et la restauration des copies, avec cette année un changement : la réalisation d’un retirage de copie pour l’un des films de Masaru Konuma. Quelle est la situation actuelle en matière de plan de sauvegarde ?

Gilles Boulenger : Les plans de sauvegarde fonctionnent essentiellement par rapport à des cinéastes beaucoup plus " institués ", ce qui est tout à fait logique. Mais pour tout un pan du cinéma, et en particulier celui que nous présentons, il n’y a aucune action dans le sens d’une conservation, y compris dans leur pays d’origine. La conservation est un peu une marotte française, qui se pratique aussi au Japon ; mais pour beaucoup de pays, la conservation n’existe pas : les films sont là pour exister à leur sortie, et pas après. Et il est assez curieux d’imaginer que, lorsque j’ai fait des recherches en Italie pour trouver de meilleures copies des films italiens que nous avons présentés cette année, il n’y en avait pas, y compris dans les cinémathèques. Il y a une véritable limitation. Lorsqu’on cherche par exemple une copie du Grand Silence, il n’y en a, jusqu’à preuve du contraire, que deux ou trois au monde : une à Berlin - puisque le film y a été remonté récemment avec sa double fin - et une en France, de meilleure qualité que celle qui se trouve à la cinémathèque de Turin. Et le problème aujourd’hui c’est que la seule chose qui existe pratiquement, c’est la restauration d’une copie en vue d’une édition DVD. Dans certain cas c’est la procédure, mais dans d’autre cas non, parce qu’il n’est plus obligatoire d’en passer par une copie film positif pour éditer un DVD . Donc, c’est le support en lui-même qui tend à disparaître.

À terme, la capacité, ou non, d’un festival à financer le propre tirage de ses copies, comme on l’a fait pour le Konuma, et d’avoir la capacité d’investir sur un terrain nécessairement à perte – puisqu’il n’y a pour nous aucun moyen de rentabiliser une copie sachant qu’on est un festival francophone, et qu’il n’y a pas d’uniformisation des procédés de sous-titrages - constituera une différenciation économique extrêmement forte. Par contre, aujourd’hui, une copie tirée en anglais peut circuler dans le monde, mais pas forcément en France, à l’exception peut-être de l’Etrange Festival, qui est quasi-anglophone. Donc si on veut voir les films autrement que dans des copies magenta, il faudra tirer des copies. Mais pour qu’il y ait rentabilité, on se situera toujours à un moment ou à un autre, face à la barrière économique. Et cette barrière est réelle, dramatique. C’est pour cela qu’à chaque projection, nous répétons : " regardez bien les films qui sont là, parce que dans deux ans, la copie n’existera peut-être plus ".


Objectif Cinéma : Pour terminer, pourrais-je vous demander comment vous définiriez la cinéphilie ?

(silence)

Gilles Boulenger : La cinéphilie, avant tout, c’est un acte de curiosité : ce n’est pas s’engouffrer des films à tire-larigot, pour ensuite cocher une case de plus sur la liste des films vus ou pas vus. Il n’y a pas " d’intérêt " dans la cinéphilie ; elle doit être dirigée par un œil directeur, mais tout cela reste extrêmement subjectif. Si ça tourne au maladif, ça devient de l’obsession. L’obsession, c’est bien, mais alors il vaut mieux réaliser des films, c’est plus intéressant.

Frédéric Temps : Je dirais la même chose, mais en y mettant des exemples : et ça risquerait d’en blesser certains.




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