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Objectif Cinéma
: Quelle différence
fais-tu entre un tout petit tournage comme celui du Destinataire
et celui de A la vitesse d’un cheval au galop qui avait
bénéficié de nombreuses aides ? Est-ce
que tu ressens une différence dans la manière
de travailler de l’équipe, du metteur en scène ?
Est-ce que cela change quelque chose dans la façon
de vivre ton rôle ?
Vincent Branchet
: Les deux films se sont faits avec des petites équipes,
comme c’est souvent le cas dans le court-métrage car
les techniciens ne sont pas payés. Le Destinataire
avait une ambiance effectivement plus familiale, car c’est
un film d’école.
Avec Xiaoxing Cheng, on a beaucoup travaillé la gestuelle,
car c’est un personnage étranger qui parle très
peu, et qui finit par se fondre dans le décor. Donc
on a énormément étudié la démarche,
comment aborder physiquement le personnage.
Avec Darielle, j’ai travaillé aussi la gestuelle du
personnage, ce coté un peu maladroit, godichon, renforcé
par les vêtements, trop serrés, trop courts,
qui lui donnait un aspect décalé. Mais on a
aussi énormément travaillé sur le ressenti
du personnage, son passé, et sur le texte.
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Objectif Cinéma
: Les deux rôles sont
très différents : l’un est presque muet
mais nécessite une grande précision des gestes,
l’autre est très écrit, très verbeux…
Vincent Branchet :
A travers la gestuelle, on peut comprendre ce que pense le
personnage dans sa tête. J’ai pensé au personnage
du Destinataire comme quelqu’un qui a vécu son
adolescence pendant la seconde guerre mondiale, qui est passé
par des épreuves physiques. Il se tient courbé,
avec les épaules rentrées : j’ai imaginé
qu’il avait une scoliose, due justement à son adolescence
difficile.
Dans A la vitesse d’un cheval au galop, le personnage
d’Olivier est aussi un peu maladroit et timide. Mais l’approche
était différente car nous étions un groupe.
Les réactions des uns par rapport aux autres, la découverte
des personnages entre eux, toutes ces choses étaient
très importantes. C’était un travail beaucoup
plus ouvert, à l’inverse du Destinataire où
j’ai essayé de fermer au maximum le personnage.
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Objectif Cinéma
: J’ai l’impression que tu
réfléchis énormément avant de
tourner. Tu n’es pas un comédien très instinctif...
Vincent Branchet
: Oui c’est vrai ! (il se reprend) Non, en fait
ça passe par deux étapes : dans un premier
temps je réfléchis énormément
car il faut créer un personnage : je lis, j’essaie
de trouver des références, dans la littérature,
dans le théâtre… Ensuite, sur le tournage, à
partir du moment où j’ai le rôle bien dans la
tête, je ne me pose plus la question de " comment
jouer ma phrase ? ", et c’est pour ça
que l’intellectualisation est importante au départ.
Cela permet d’absorber le personnage et de faire revenir sur
le plateau le coté instinctif.
Objectif Cinéma :
Tu as déjà une carrière bien entamée,
puisqu’on t’a vu dans le rôle principal de F est
un salaud, et dans des productions importantes comme Sade
ou Chaos. On s’attendait à te voir enchaîner
les projets très médiatiques, pourtant ton actualité
est essentiellement faite de courts-métrages. Je voudrais
savoir comment tu sélectionnes tes projets, et pourquoi
tu continues à faire autant de courts-métrages.
Est-ce que c’est un manque de propositions ou un choix délibéré ?
Vincent Branchet
: C’est surtout un manque de propositions ! C’est un
peu les deux en fait… Je n’ai pas tant de propositions de
longs-métrages que ça, et très souvent
celles que je reçois ne me plaisent pas. Quand on est
un jeune acteur comme moi, on est censé devoir accepter
tout, pour se faire connaître. Je ne suis pas d’accord
avec ça. Je veux sélectionner un minimum ce
que je fais, je n’ai pas envie de faire des choses qui m’ennuient
ou que je ne me sens pas capable de faire.
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