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  Jean-Claude Brisseau (c) Stéphane Legrand
Comme j’ai écrit le scénario, je peux improviser de temps en temps pour résoudre les problèmes économiques. Et de temps en temps, quand j’improvise, alors peut-être, j’improvise juste. C’est peut-être du bol… Pour les oiseaux, ce qui est dans le film n’est pas ce qui était écrit et prévu. Ce n’est pas ce que je voulais faire. Heureusement que ce jour-là, j’avais décidé de faire du ralenti et que la caméra était prête. Tout le monde a été adorable sur ce putain de film, et le gars qui réglait le travelling et les effets spéciaux avait toujours sur lui des pistolets à fumée. Bon, comme il y a du feu dans cette scène, je vais faire comme si c’était de l’essence, alors il me faudrait par contre ajouter de la fumée. Mais il y avait du vent ce jour-là. Je lui ai demandé d’aller chercher de grosses bâches transparentes. On les voit ! J’ai eu le bol de tourner et de ne garder que les plans où on ne les voit pas !

J’avais peur d’une autre chose. A un moment, Coralie embrasse Christophe à la fin, et elle fait ça (Jean-Claude Brisseau mime le geste de repousser ses cheveux derrière son oreille droite). J’espère que cela prendra un sens dans le film. Normalement, elle n’aurait pas dû à avoir faire ça, on n’avait pas le choix, il fallait que l’on voie son visage et l’on n’avait même pas de quoi lui fixer les cheveux derrière ! Vous comprenez ce que cela signifie de faire un film avec trois briques ! (rires)

L'Ange noir (c) D.R.
Pour le personnage de Delacroix, restons toujours au raz des pâquerettes. Vous voyez Delacroix dans son bureau avec la gamine et derrière eux un mur. Ce n’est pas un mur Mademoiselle, c’est une toile. Si vous regardez bien le film et vous faites un arrêt sur image, vous voyez nettement qu’ils sont, non pas suspendus par des clous, mais par un filin venant du plafond. Tout le film a été fait comme ça. Et heureusement que j’ai eu l’idée d’utiliser le château (situé non loin de Joinville, dans la région parisienne) pour le tournage entier. On voit d’ailleurs très bien que nous sommes dans le même lieu : la scène du restaurant avec Christophe et les deux filles sert aussi de bureau pour la jeune Sandrine lorsqu’elle reçoit le coup de fil de Delacroix. Pareil pour la séquence où il baise avec les deux nanas dans le château, il fallait donner une impression de luxe. Il n’y a rien ! Ce sont des pièces vides et c’est Lisa, ma femme (Lisa Hérédia qui apparaît dans une scène clé du film, dans le rôle de la mère de Sandrine)  qui a ajouté une colonne et des rideaux rouges venant de chez nous. On a pris des éléments personnels pour les déplacer dans le château !

Bon, je commence en avoir plein le cul de tout ça. Fatigué de devoir toujours sacrifier pour chaque détail. Sans avoir l’air d’être des putes de luxe, les filles auraient dû avoir le maquillage qui change discrètement, tout comme leurs vêtements ! Le budget de ce film était plus que limité. Alors que dans L’Ange Noir il y avait trois millions de francs de costumes ! C’est la Maison Dior qui a créé les costumes de Sylvie Vartan. Nous n’avons pas payé un centime car Sylvie était là pour faire la publicité de Dior. Les grands couturiers ont travaillé une semaine durant pour rien. Et là, pour avoir un jean, il fallait payer alors qu’on n’avait pas l’argent ! Pour la scène finale de partouze au château, on a improvisé en jetant des tissus sur le dos de Sandrine. Mais le pire pour moi, c’est Christophe. Il devait avoir la classe de Cary Grant pendant tout le film. C’est-à-dire des vêtements discrets et élégants. D’une élégance telle, que seuls les gens qui ont l’œil le voient. On ne les avait pas. Il est habillé n’importe comment, avec des habits de prolo. Delacroix aussi aurait du être vêtu différemment.


  Jean-Claude Brisseau (c) Stéphane Legrand

Objectif Cinéma : Trois millions de franc est un budget dérisoire à l’heure actuelle où la moyenne d’une production d’un long-métrage français oscille entre 10 et 20 millions. Sans l’Avance sur Recette que vous avez obtenue, le film n’aurait pas pu se faire ?

Jean-Claude Brisseau : Non, et je n’y croyais pas à l’époque. Le film a été fait avec les 2,5 millions d’Avances sur Recettes, 300 000 balles qui me restaient du fond de soutien et le CNC. Normalement, on aurait dû avoir 250 000 balles d’avance de Rézo Films. Seuls 25 000 balles ont été données…il y a un mois ! Avant même que ne commence la sortie, Rézo avait un trou dans sa trésorerie de plus de 300 000 balles, plus 225 000 au niveau de la production. En gros, 500 000 balles, sur lesquels on a payé des agios durant un an. Mais, ma grosse question sur le film était de savoir comment filmer le sexe. Il y a d’ailleurs une scène clé que vous ne trouvez pas dans le film tel qu’il est. Elle tombait au bout de trois-quarts d’heures de film.