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Jean-Claude Brisseau (c) Stéphane Legrand
Objectif Cinéma : Il y a une scène sexuelle assez insupportable dans le film, lorsque Sandrine est emmenée de force dans les caves du château lors de la grande scène de partouze. Il y a deux registres sexuels : en haut, du château et de l’échelle sociale, le cul luxurieux et d’esthète, et en bas, dans les souterrains le cul crasseux et pouilleux. Et de tous ces corps remplissant tout le cadre de l’écran, se dégage un sentiment de vide assez terrible.

Jean-Claude Brisseau : En haut, ils baisent raffiné, et en bas c’est du sordide. Sur ce terrain là, le sujet du film est le vide. Un jour, un ami m’a dit que le sujet de tous mes films, c’était le paradis perdu. Ce n’est pas faux. Au centre de la vie, il y a la découverte des leurres, et cette idée ne vient pas seulement de moi. On est en train de courir derrière le vide. Il n’y a rien. D’un point de vue dramatique, j’avais un problème avec cette séquence, qui n’est pas destinée à renvoyer au désir. Christophe déclare à Sandrine, qu’il vient juste d’épouser : " regarde ce magnifique symbole de l’existence humaine ", puis il récite un texte de la Bhagavad Gîta (7), un texte hindou mystique, qui est l’équivalent de la Bible. Voilà le principe : il va y avoir une bataille, et les gens d’une même famille sont dans deux camps différents. Le héros Arjuna (8) est dans le camp du plus faible, et il ne sait pas qu’il a à coté de lui, sur son char, le dieu incarné Krisna. Il passe devant les deux camps avec son char, et il dit à un moment " en face de moi il y a ma famille, on m’a appris qu’il était mal de tuer les gens de sa famille et je ne cherche ni le pouvoir ni la gloire. A quoi sert de tuer ma famille ? ". Et le dieu incarné lui répond, - bon je caricature avec mon vocabulaire - " des clous, mon cul, la vérité c’est que tu as la trouille et tu te trouves des justifications morales pour ne pas faire ce que tu dois faire. De toute façon, tu ne crois pas que si tu es là c’est à cause de toi. C’est moi, le dieu incarné, qui prend les décisions. De toute façon, ni toi ni moi, ni tous ces rois n’avons jamais existé, mais en même temps, existons à tout jamais. " Le sujet du film, c’est Christophe, qui se pose toutes ces questions.


  De bruit et de fureur (c) D.R.
Objectif Cinéma : Christophe me faisait penser au jeune adolescent aboulique Bruno, De bruit et de fureur (Vincent Gasperitsch impressionnant dans son jeu tout en ralentis) qui vit pratiquement sans sa mère.

Jean-Claude Brisseau : C’est évident. Mais il vient aussi d’autres personnages du cinéma et de la littérature, notamment celle du libertinage.


Objectif Cinéma : Nathalie le personnage qu’interprète Coralie me semble très proche de vous.

Jean-Claude Brisseau : C’est moi ! Et en même temps non, car je ne m’identifie jamais à mes personnages. Ce qui est renversant, c’est que Michel Ciment, que j’ai vu hier à une émission, m’a dit " est-ce que vous réalisez que Coralie parle comme vous lors d’une scène clé ? "


Objectif Cinéma : Il s’agit de la scène d’apprentissage où elles sont toutes les deux dans la chambre, quand Nathalie explique à Sandrine les choses de la vie ?

Jean-Claude Brisseau : C’est ça !