Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
  Tim Roth (c) Frederic Huette
Objectif Cinéma : Avez-vous eu le mal du pays au début de votre carrière américaine ?

Tim Roth : Mes deux premières années à Los Angeles ont été horribles. Londres me manquait, tout comme mon fils qui y était resté également, mais il n’y avait pas beaucoup de travail en Angleterre. Et puis je voulais jouer dans des films américains, des films de gangsters, parce que c’est cooool (rires) ! Je retournais en Europe de temps en temps, mais la qualité du cinéma y déclinait, et j’ai eu la chance d’arriver aux Etats-Unis au bon moment.


Objectif Cinéma : Vous parlez souvent de " boy films ". Comment définiriez-vous un " boy film " ?

Tim Roth : C’est un film où on baise beaucoup (rires). Au début cela ne me dérangeait pas, parce que des films comme Reservoir Dogs ou Pulp Fiction sont intéressants chacun dans leur genre, mais maintenant cela a tendance à me lasser. Il faut vraiment être bon pour apporter de la nouveauté à ce genre de films.


Objectif Cinéma : Cela vous dérange-t-il qu’on vous parle constamment de Reservoir Dogs et Pulp Fiction ?

Tim Roth : Non, pas du tout. Cela veut dire que ces films sont encore en vie, d’une certaine façon, et que cela valait la peine de les faire.


Reservoir Dog (c) D.R.

Objectif Cinéma : Après ces deux films qui sont devenu culte, cela a dû être difficile de casser votre image, réaliser votre propre film et d’aborder des thèmes que le public ne s’attendait pas à vous voir aborder.

Tim Roth : Le public s’attendait à me voir faire un film dans le genre de Reservoir Dogs, mais en tant que réalisateur ce n’est vraiment pas mon style. En tant qu’acteur c’était une grande expérience, mais Reservoir Dogs ne contient pas tout ce que j’aime dans le cinéma, même s’il y a beaucoup de choses que j’apprécie dans ce film, une certaine élégance et une grande marge de manœuvre sur le plan de l’interprétation. Quand on est acteur, on n’a pas souvent l’occasion de jouer dans des films épanouissants, cinématographiquement parlant, on est là pour servir le réalisateur, qu’on soit en accord avec lui ou non. Le film ne vous appartient pas, tout simplement.


Objectif Cinéma : Quel a été votre sentiment quand vous êtes passé derrière la caméra ? Votre expérience d’acteur vous a-t-elle servi ?

Tim Roth : Oui, c’est clair. Mes vingt années en tant qu’acteur ont été une bonne formation. J’ai adoré diriger, c’est très relaxant comparé au métier d’acteur. Vous avez juste à dire : " On la refait ", " Mets toi là ", " Ne me regarde pas comme ça " (rires). Les acteurs sont sous une pluie battante, dans le froid, et vous vous avez un gros manteau, un parapluie et une tasse de thé à portée de main. Grandiose, non ? Ce que j’apprécie surtout, c’est de voir des acteurs prendre leur envol. Les deux gosses de The War Zone n’avaient jamais joué auparavant, et ils ont été merveilleux. Je suis fier de ce film, et je veux en tourner d’autres. Encore une fois, c’est comme une drogue, on devient accro à la réalisation. Le piège serait de se dépêcher de faire un film pour faire un film : il faut prendre le temps de développer un projet auquel on tient vraiment, parce que tout le processus de A à Z est très, très long. Il n’y a rien de pire que d’être arrivé à la moitié d’un film et de se rendre compte qu’on ne l’aime pas, qu’on n’irait pas le voir soi-même.