Objectif Cinéma :
Avez-vous eu le mal du pays
au début de votre carrière américaine ?
Tim Roth
: Mes deux premières années à Los Angeles
ont été horribles. Londres me manquait, tout
comme mon fils qui y était resté également,
mais il n’y avait pas beaucoup de travail en Angleterre. Et
puis je voulais jouer dans des films américains, des
films de gangsters, parce que c’est cooool (rires) !
Je retournais en Europe de temps en temps, mais la qualité
du cinéma y déclinait, et j’ai eu la chance
d’arriver aux Etats-Unis au bon moment.
Objectif Cinéma :
Vous parlez souvent de " boy
films ". Comment définiriez-vous un " boy
film " ?
Tim Roth
: C’est un film où on baise beaucoup (rires). Au
début cela ne me dérangeait pas, parce que des
films comme Reservoir Dogs ou Pulp Fiction sont
intéressants chacun dans leur genre, mais maintenant
cela a tendance à me lasser. Il faut vraiment être
bon pour apporter de la nouveauté à ce genre
de films.
Objectif Cinéma
: Cela vous dérange-t-il
qu’on vous parle constamment de Reservoir Dogs et Pulp
Fiction ?
Tim Roth
: Non, pas du tout. Cela veut dire que ces films sont encore
en vie, d’une certaine façon, et que cela valait la
peine de les faire.
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Objectif Cinéma
: Après ces deux films
qui sont devenu culte, cela a dû être difficile
de casser votre image, réaliser votre propre film et
d’aborder des thèmes que le public ne s’attendait pas
à vous voir aborder.
Tim Roth
: Le public s’attendait à me voir faire un film dans
le genre de Reservoir Dogs, mais en tant que réalisateur
ce n’est vraiment pas mon style. En tant qu’acteur c’était
une grande expérience, mais Reservoir Dogs ne
contient pas tout ce que j’aime dans le cinéma, même
s’il y a beaucoup de choses que j’apprécie dans ce
film, une certaine élégance et une grande marge
de manœuvre sur le plan de l’interprétation. Quand
on est acteur, on n’a pas souvent l’occasion de jouer dans
des films épanouissants, cinématographiquement
parlant, on est là pour servir le réalisateur,
qu’on soit en accord avec lui ou non. Le film ne vous appartient
pas, tout simplement.
Objectif Cinéma
: Quel a été
votre sentiment quand vous êtes passé derrière
la caméra ? Votre expérience d’acteur vous
a-t-elle servi ?
Tim Roth :
Oui, c’est clair. Mes vingt années en tant qu’acteur
ont été une bonne formation. J’ai adoré
diriger, c’est très relaxant comparé au métier
d’acteur. Vous avez juste à dire : " On
la refait ", " Mets toi là ",
" Ne me regarde pas comme ça "
(rires). Les acteurs sont sous une pluie battante,
dans le froid, et vous vous avez un gros manteau, un parapluie
et une tasse de thé à portée de main.
Grandiose, non ? Ce que j’apprécie surtout, c’est
de voir des acteurs prendre leur envol. Les deux gosses de
The War Zone n’avaient jamais joué auparavant,
et ils ont été merveilleux. Je suis fier de
ce film, et je veux en tourner d’autres. Encore une fois,
c’est comme une drogue, on devient accro à la réalisation.
Le piège serait de se dépêcher de faire
un film pour faire un film : il faut prendre le temps
de développer un projet auquel on tient vraiment, parce
que tout le processus de A à Z est très, très
long. Il n’y a rien de pire que d’être arrivé
à la moitié d’un film et de se rendre compte
qu’on ne l’aime pas, qu’on n’irait pas le voir soi-même.
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