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Objectif Cinéma
: La réaction du public
a-t-elle été à la hauteur de vos espérances ?
Tim Roth
: Elle a même dépassé mes espérances.
Certains critiques nous ont assassinés, mais à
vrai dire, j’emmerde les critiques (rires) ! Quelques-uns
nous ont pourtant vraiment rendu service et nous ont soutenu,
notamment aux Etats-Unis, mais à côté
de cela il y a toujours quelques imbéciles. Je ne lirai
plus la presse. Après une projection du film à
Londres, un critique très influent nous a donné
quelques citations pour l’affiche du genre " Un
chef d’œuvre ", " Un des meilleurs films
que j’ai jamais vu ", etc. Dans sa critique, il
a incendié le film en disant que c’était de
la pornographie gratuite de la pire espèce. Un ou deux
autres journaux nous ont joué le même tour, avant
tout parce que le film était de moi je pense, mais
dans leur grande majorité les critiques ont été
positives.
Objectif Cinéma
: Vous considérez-vous
comme un agitateur, un perturbateur ?
Tim Roth
: Non, c’est juste que l’Angleterre adore poignarder ses enfants,
surtout s’ils se sont exilés et qu’ils ont une belle
maison. C’est une réaction très britannique.
Objectif Cinéma :
Vous avez dit de Scum
que c’était le film qui vous avait donné envie
de devenir acteur.
Tim Roth
: J’ai adoré ce film, sa vision politique, la performance
des acteurs, la mise en scène, et surtout il m’a fait
prendre conscience que devenir acteur, et plus précisément
acteur de cinéma, n’avait rien d’impossible. Ils ont
littéralement sorti Ray Winston de la rue pour le faire
jouer dans Scum. Il était allé à
l’audition pour décrocher un rôle de figurant,
et quand Alan a vu la façon qu’il avait de se déplacer,
il lui a proposé le premier rôle. J’ai compris
que c’était possible, que la même chose pouvait
m’arriver. J’avais toujours cru que le métier d’acteur
était réservé aux élites, aux
classes privilégiées, qui bénéficient
d’un filet de sécurité. Quand je me suis rendu
compte que des acteurs issus des classes populaires avaient
du succès, et réussissaient à faire leur
trou, je me suis dit que je pourrais tenter ma chance.
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Objectif Cinéma
: Est-ce vrai que quand vous
avez rencontré Gary Oldman pour la première
fois, vous vous êtes méfié de lui
à cause de son statut de star ?
Tim Roth
: Pour moi c’était une vrai star, parce qu’il avait
joué le rôle de Sid Vicious, et aussi parce qu’il
était le roi de la scène londonienne. Il jouait
sans arrêt au Royal Court et dans tous les grands théâtres
historiques de la capitale. Il venait du même quartier
de Londres que moi et le fait de le rencontrer m’a beaucoup
inspiré, même si c’était un type étrange
par certains côtés. A l’époque on parlait
de lui comme d’un futur grand. Il est parti aux Etats-Unis,
a tourné State of Grace entre autres, et en
quelque sorte nous a ouvert la porte, il a bâti un pont
entre l’Angleterre et les Etats-Unis pour les acteurs de ma
génération.
Objectif Cinéma
: Pensez-vous lui devoir beaucoup ?
Tim Roth
: Tout à fait, et nous sommes nombreux à le
penser. Il a été le premier à oser jouer
des personnages américains et non anglais dans des
films américains. J’ai retenu la leçon, suivi
le même parcours, et les réalisateurs ne se rendaient
même pas compte que j’étais anglais, ce qui m’a
donné plus de liberté dans le choix de mes rôles.
Objectif Cinéma
: Vous-même ne semblez
pas vous considérer comme une star.
Tim Roth
: Les vraies stars sont payées des brouettes de pognon
(rires) ! Je plaisante bien sûr, car je
gagne très bien ma vie, mais souvent une grande partie
de la masse salariale revient à LA grande vedette
du film, et les autres acteurs se partagent le reste.
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