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Objectif Cinéma :
Quelle type de relation entretenez-vous avec l’industrie hollywoodienne ?
Tim Roth
: La plupart des films que j’ai tournés aux Etats-Unis
étaient des films indépendants, donc je suis
toujours resté un peu à l’écart de la
grosse machine. La Planète des Singes est vraiment
un film à gros budget, mais dont l’esthétique
est assez similaire à celle d’un film indépendant,
dans la mesure où le réalisateur s’appelle Tim
Burton. Tim est un vrai artiste, mais pendant le tournage,
il a passé son temps à courir de réunion
costard-cravate en réunion costard-cravate, ce qui
a vraiment dû le déranger dans son travail. Voilà
la seule différence dont je me sois rendu compte. Quand
on tourne pour un grand studio, il faut composer avec ce genre
d’interférences venant de l’extérieur.
Objectif Cinéma
: La pression repose donc davantage
sur le réalisateur que sur les acteurs ?
Tim Roth
: Je ne ressens jamais de pression. Je fais un film, je donne
le meilleur de moi-même et je passe au suivant. Que
le public apprécie le film ou non est un autre problème.
Objectif Cinéma
: Qu’est-ce qui a été
le plus difficile à supporter sur le tournage de La
Planète des Singes ? Jouer avec un maquillage
aussi lourd ou la présence de Charlton Heston ?
Tim Roth
: La présence de Charlton Heston m’a vraiment posé
problème, à cause bien sûr de ses prises
de position politiques. J’ai failli quitter le tournage quand
j’ai découvert qu’il jouait dans le film.
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Objectif Cinéma
: Avez-vous vu Bowling for
Columbine ?
Tim Roth
: Oui, bon film. Très bon film (rires).
Objectif Cinéma
: Comment
avez-vous obtenu le rôle dans La Planète des
Singes ?
Tim Roth
: Grâce à Tim, mais je n’étais certainement
pas le premier nom sur sa liste. Je pense que beaucoup d’acteurs
ont refusé le rôle à cause du maquillage.
Tout le monde n’est pas prêt à subir ce genre
de choses. En ce qui me concerne, au contraire, je voulais
absolument jouer le rôle d’un singe et je pensais qu’on
me confierait celui d’un humain. Quand Tim m’a parlé
de ce personnage du général, qui est très
bestial, très primaire, j’étais ravi. Cela a
représenté cinq mois de travail, par intermittences.
Je voulais vraiment travailler avec Tim, qui pour moi est
un cinéaste indépendant.
Objectif Cinéma
: Il était considéré
comme une brebis galeuse chez Disney.
Tim Roth
: Oui, c’est vrai. Je crois qu’il vit à Londres maintenant,
qu’il a eu envie de s’éloigner d’Hollywood. Il m’a
beaucoup parlé de ses projets. Il veut revenir à
un cinéma à taille humaine, avec une équipe
réduite. De toute façon, quoi qu’il fasse, il
est toujours inventif.
Objectif Cinéma
: Quels sont les acteurs que
vous aimeriez diriger ?
Tim Roth
: Il y en a des tonnes : Kate Winslet, Cate Blanchett,
Emma Thompson, Steve Buscemi, Ray Winstone… J’ai failli travailler
avec Isabelle Huppert, mais elle est française (rires) !
Les Français sont étranges. Vous savez, quand
vous marchez dans Paris, tout est beau, tout est magnifique,
et soudain vous marchez dans la merde (rires). Vous
avez le choix : soit vous regardez en l’air et vous prenez
un risque, soit vous fixez vos pieds. Les chiens parisiens
sont très créatifs, très artistes. Je
crois qu’il faut de la merde pour que la beauté existe.
Ce que je dis est très profond (rires) !
Aujourd’hui, j’ai vu une fille avec un anorak rouge et un
chien dans son sac à main, et elle conduisait un Vespa
vert. Je l’ai trouvée très française.
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