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  Miki Manojlovic (c) D.R.
Objectif Cinéma : Avoir cette proximité donne l’impression de se trouver face au peuple serbe

Goran Paskaljevic : Ces acteurs sont des gens de là-bas, ils ne sont pas connus


Objectif Cinéma : Il y a des acteurs connus tout de même, Lazar Ritovski, Miki Manojlovic …

Goran Paskaljevic : oui, mais ce ne sont pas des stars, ils ne gagnent pas beaucoup d’argent, ils vivent comme tout le monde … Vraiment ce sont de grands acteurs, mais ils ne sont connus que des cinéphiles. Il y a Ljuba TADIC, qui joue le chef d’orchestre, il avait tourné avec mois dans Traitement spécial, qui était au festival de Cannes en 1980, et il a tenu à tourner dans ce film bien qu’il n’apparaisse que dans 3 plans, et qu’il soit très malade. Ils se sont tous battus pour jouer dans ce film, c’était très important pour eux d’y participer . Et pourtant il n’y avait pas d’argent, pendant le film nous n’avons pas pu payer tout le monde faute de budget. En Serbie, la télévision est obligée par une loi de subventionner chaque film produit, mais elle ne nous a jamais versé l’argent, car elle était contre le film, le pouvoir était contre ce film. Alors j’ai demandé aux acteurs si ils voulaient tout de même participer à l’aventure avec le risque de ne pas être payés, et tous ont accepté. Maintenant tout le monde a été payé parce que le film a eu un gros succès en Serbie. A Belgrade il a fait 200 000 entrées alors que c’est une petite ville d’un million de personne. Et pourtant nous n’avions pas d’affichage, c’est le bouche à oreille qui a permis au film de marcher.


Objectif Cinéma : Et c’est aussi vraiment important que ce film soit montré en Occident, pour justement avoir une autre vision que celle véhiculée par les médias

Goran Paskaljevic : Vous ne pouvez pas savoir, vous ne voyez que des images de la guerre, et du dictateur Milosevic, mais vous n’avez pas d’autres images de la vie à Belgrade. Aujourd’hui on est piégés là-bas. Heureusement il y a internet, qui va très très vite, et qui permet de faire bouger les choses, surtout grâce aux jeunes.


Baril de poudre (c) D.R.
Objectif Cinéma : Prenons l’exemple du jeune garçon qui essaie de faire réagir les gens dans l’autobus qui a un discours très juste …

Goran Paskaljevic : C’est une scène politique.


Objectif Cinéma : Cette scène est très forte, et elle est universelle…

Goran Paskaljevic : Tout à fait. Le jeune s’adresse aux gens, essaient de les faire bouger. J’aime beaucoup quand il s’adresse à cette femme qui a son ticket de bus, alors qu’elle n’a plus que cela, elle n’a pas d’argent pour avoir un moyen de transport. Il essaie de la réveiller, tout comme le " papy ", qu’il ne laisse tranquille que quand celui-ci commence à se rebeller contre lui. Ce jeune essaie de réveiller les gens, de les faire bouger.


Objectif Cinéma : Le film se passe complètement de nuit : est-ce une manière symbolique de monter la nuit qui s’est abattue sur Belgrade ?

Goran Paskaljevic : vous avez tout à fait raison. Je ne pouvais pas faire autrement. Il n’y a plus d’espoir dans les Balkans, ni sur Belgrade …