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Ciné Lycée
: Il y aurait, selon vous,
des " révélations " dans le film. Concernant
le déclenchement de la seconde Intifada, dont vous
dites qu’elle n’est pas provoquée par la visite de
l’espalanade des Mosquées par Sharon. Concernant le
fameux tunnel aussi, dont le parcours litigieux aurait été
modifié a posteriori.
Jacques Tarnero
: Oui. En ce qui concerne la seconde Intifada : ce n’est pas
moi qui le dit. C’est Imad Faloudji (ministre palestinien).
La deuxième Intifada a été préparée
bien avant Camp David et Taba, de longue date . Il fait cet
aveu remarquable.
De toute façon, il suffit de constater les faits. Je
vous renvoie au livre d’Elizabeth Schemla (directrice de Proche
Orient Info) Mon rêve est ton cauchemar. Il y a eu le
meurtre de ce soldat israélien dans une patrouille
mixte, par exemple. Et tout ceci est antérieur à
la visite de Sharon. Après, il y a la répression
le lendemain : les choses s’emballent à ce moment là.
Cinélycée
: Certaines séquences
du film sont édifiantes : ce sont celles qui montrent
ce que vous appelez " l’éducation à la haine
", notamment l’endoctrinement de très jeunes enfants.
Jacques Tarnero
: Oui. La paix est inconcevable dans ces conditions. Quand
on s’engage dans un processus de paix, il faut mettre aussi
en place une éducation à la paix. . Il faut
que l’autre ne soit plus présenté comme le diable.
Qu’il devienne un éventuel partenaire. Sadate l’a fait,
il a fait des gestes symboliques. Peut-être avec une
longueur d’avance sur son propre peuple. Peut-être est-ce
pour cela qu’il a été assassiné.
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Cinélycée
: On vous dira que vous ne
montrez qu’un point de vue. N’y a-t-il pas des extrémistes
israéliens, ainsi qu’une propagande équivalente,
symétrique de celle que vous dénoncez, dans
l’Etat d’Israël ?
Jacques Tarnero
: On ne cache pas rien du tout, puisque le film commence par
l’assassinat d’Itzhak Rabin. Je ne dissimule en rien qu’il
y a des fascistes, des extrémistes mystico-nationalistes
en Israël. Bien sûr qu’il y a tout cela.
De façon générale, on ne nie pas les
torts d’Israël. Mais il n’y a un camp de la paix en Israël.
Il n’y a pas de camp de la paix du côté palestinien.
Quand Arafat est revenu de Camp David, il a été
accueilli comme un triomphateur. S’il avait signé,
il aurait peut-être été considéré
comme un traître. Sadate a été considéré
comme un traître.
Cinélycée
: Quels sont les torts d’Israël
?
Jacques Tarnero
: Il est hors de question d’absoudre Israël de ses
responsabilités. Le grand tort d’Israël, pour
moi, c’est d’avoir gommé le fait indéniable
qu’il y a eu une population spoliée de sa terre,
qui a dû fuir son territoire. Une injustice majeure
a été commise en 1948 vis à vis des
civils palestiniens. Je reconnais le droit national de la
population arabo-palestinienne à recouvrer ses droits
nationaux. En outre, ultérieurement, la politique
imbécile et absurde, c’est celle qui consiste à
continuer les implantations.