Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Les Amants du Pont-Neuf (c) D.R.

Objectif Cinéma : Les dimensions du pont étaient-elles fidèles à la réalité ?

Michel Vandestien : Tout était triché, le pont lui-même est réduit d'un tiers. Les trois personnages habitent chacun une « niche ». Les vraies niches sont très vastes, on les a réduites, rapprochées, pour permettre une proximité entre les personnages. J’ai accentué la pente du pont pour éviter les problèmes de découverte de l’autre coté, et aussi parce que Léos voulait un plan où les personnages apparaissent progressivement. Le décor est ainsi devenu un outil pour la mise en scène.


Objectif Cinéma : Dans le scénario, le Pont-Neuf est en travaux, délabré, la pierre est comme rongée de l’intérieur.

Michel Vandestien : C’est le reflet des personnages. On ignorait que le vrai pont-neuf serait en réfection par la suite. Le notre est plus juste. Ce n’est plus un pont, mais un espace de jeu. Car il va à l’essentiel, ce que la réalité ne nous donne pas.


Objectif Cinéma : Quelle incidence ce film  a-t-il eu sur votre  carrière ?

Michel Vandestien : J’ai été au chômage pendant 9 mois, car j’étais devenu le déco le plus cher du monde. On m’a dit « Avec tout cet argent, on aurait pu faire d’autres films », ce qui ne veut rien dire. Quand tel ou tel décorateur voulait faire le Pont-Neuf en studio, il était bien plus cher que moi ! Puis j’ai fait mon film suivant avec Robert, où j’avais 42000 francs de budget. Les mêmes personnes m’ont accusé de casser les prix. J’étais devenu le déco le moins cher ! Faut se mettre d’accord. Pour moi le travail est le même, j’ai la même attitude.

Après la sortie du film, il y eu des réactions sur le décor qui m’ont fait plaisir. Par exemple, de Samuel Fuller, de Scorsese -via une lettre adressée à Carax - et de Coppola, dont j’ai rencontré une assistante.


  Les Amants du Pont-Neuf (c) D.R.

Objectif Cinéma : Vous donnez l’impression d’éviter le travail en studio...

Michel Vandestien : Mauvais sang était tourné dans une friche industrielle à Ivry, un volume avec une immense structure en béton et une nef de 32 mètres de hauteur.

Je n’ai fait du studio officiel que rarement. Et puis l’époque voulait ça, le studio revenait cher pour les budgets. J’ai fait du théâtre à l’époque de la décentralisation, quand on quittait les salles à l’italienne pour les salles polyvalentes. Le cinéma c’était pareil, on est sorti du studio pour faire un cinéma différent. Les réalisateurs avec qui j’ai travaillé appartiennent à une génération qui a tenu à faire du cinéma comme elle voulait, ou elle voulait, et souvent en s’autoproduisant.


Objectif Cinéma : Travaillez-vous  avec un ensemblier, un accessoiriste… ?

Michel Vandestien : Non, c’est moi ou quelqu’un avec moi. Je ne peux pas détacher, c’est un ensemble. Pour moi, une table ou un accessoire sont plus que des objets, ils ont une relation au cadre et à l’ensemble du décor.  Par exemple, si je prends un ensemblier, je l’emmène sur un terrain qui est le mien, celui de la scénographie. Comme je fais avec un constructeur ou un accessoiriste.