Objectif Cinéma
: Le cinéma, comme disait
Jean Rouch, c’est « faire comme si »…
Dimitri Storoge
: Oui, mais ce n’est pas léger. On fait « comme si »,
mais c’est très sérieux. Il faut prendre très au sérieux
ce qu’on fait. C’est comme quand tu fais un cadeau, tu fais
un effort car tu veux faire plaisir.
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Objectif Cinéma
: Du sérieux mais aussi une
petite part d’insouciance et d’innocence, histoire de garder
suffisamment de fraîcheur pour durer dans le métier…
Dimitri Storoge
: Je ne sais pas comment on fait pour durer, mais je n’y
pense pas vraiment pour le moment. L’insouciance et la fraîcheur
me sont alors assez naturelles car je suis heureux quand
je tourne. Pour le moment, je n’ai pas à calculer…
Objectif Cinéma
: Enfant, quel a été le déclic
qui t’a donné envie de devenir acteur ?
Dimitri Storoge
: Je n’ai pas eu de déclic, tout a été extrêmement progressif.
Je ne crois pas être quelqu’un qui décide une chose du jour
au lendemain ou qui a une révélation soudaine. Quand j’étais
enfant, je changeais d’envie de métier tous les jours.
Un jour je voulais être avocat, le lendemain, flic, le surlendemain,
pompier, etc. J’ai mis beaucoup de temps à me rendre compte
que ce n’était pas le métier en lui-même que je voulais
faire, mais bien le type qui incarnait au cinéma ou à la
télévision ces différents métiers. J’ai continué mes études,
et après le bac, j’ai commencé à prendre des petits cours
de théâtre. J’ai fait une fac de droit et un petit peu d’anglais
aussi, puis je me suis arrêté, j’ai vécu, j’ai travaillé.
Il faut beaucoup de prétention pour vouloir devenir acteur.
Tu peux être écrivain ou peintre dans ton coin, ça n’engage
que toi, tu es seul face à ta toile ou ta page blanche.
Mais pour être acteur, c’est une autre histoire ! Les
choses ont fini par se faire naturellement : j’ai continué,
j’ai trouvé un agent, je suis entré au Conservatoire, et
j’ai fini par trouver de plus en plus nécessaire de jouer
la comédie.
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Objectif Cinéma
: C’est venu progressivement…
Dimitri Storoge
: Oui, comme une addiction lente qui s’est développée.
Objectif Cinéma
: Plus tu jouais, plus
cela devenait nécessaire pour toi…
Dimitri Storoge
: Oui, plus tu découvres des univers, plus tu vis de choses,
et - c’est assez égoïste - plus tu fais des découvertes
sur toi, plus tu arrives à exprimer des choses. C’est très
grisant de sentir que ton corps, ta voix, ta manière de
bouger constituent un instrument de musique très malléable.
Tu découvres un instrument que tu connais depuis toujours,
tu apprends à maîtriser ses ressources insoupçonnées.