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  Ni pour, ni contre (bien au contraire) (c) D.R.
Objectif Cinéma : Tu as déclaré qu’interpréter le rôle de Loulou dans Ni pour ni contre (bien au contraire) avait nécessité de revenir à un état ludique, un état d’enfance. C’est ce qui a fondé ton travail pour ce film-là ?

Dimitri Storoge : Quand tu es enfant, que tu joues aux gendarmes et aux voleurs avec tes copains, il n’y a ni tricherie, ni pose. Si tu « meurs », tu « meurs » vraiment. Tu « es » vraiment un Indien par exemple, même si cela peut se limiter, selon ton imagination, à faire des gestes, ou à faire semblant d’être sur un cheval en tapant sur ta cuisse. Tu prends cela au sérieux : tu « es » vraiment sur ton cheval. Alors que tu n’as évidemment pas de cheval en réalité… Pour le film de Cédric Klapisch, même si je perdais une sorte de pureté (car tirer ainsi avec de vraies armes est assez violent, jamais facile ni anodin), j’essayais de retrouver ce côté enfantin et très sérieux de l’enfant qui joue. C’est une dimension très importante pour moi.


Objectif Cinéma : Le cinéma, comme disait Jean Rouch, c’est « faire comme si »…

Dimitri Storoge : Oui, mais ce n’est pas léger. On fait « comme si », mais c’est très sérieux. Il faut prendre très au sérieux ce qu’on fait. C’est comme quand tu fais un cadeau, tu fais un effort car tu veux faire plaisir.


Dimitri Storige (c) Safia Benhaïm

Objectif Cinéma : Du sérieux mais aussi une petite part d’insouciance et d’innocence, histoire de garder suffisamment de fraîcheur pour durer dans le métier…

Dimitri Storoge : Je ne sais pas comment on fait pour durer, mais je n’y pense pas vraiment pour le moment. L’insouciance et la fraîcheur me sont alors assez naturelles car je suis heureux quand je tourne. Pour le moment, je n’ai pas à calculer…


Objectif Cinéma : Enfant, quel a été le déclic qui t’a donné envie de devenir acteur ?

Dimitri Storoge : Je n’ai pas eu de déclic, tout a été extrêmement progressif. Je ne crois pas être quelqu’un qui décide une chose du jour au lendemain ou qui a une révélation soudaine. Quand j’étais enfant, je changeais d’envie de métier tous les jours. Un jour je voulais être avocat, le lendemain, flic, le surlendemain, pompier, etc. J’ai mis beaucoup de temps à me rendre compte que ce n’était pas le métier en lui-même que je voulais faire, mais bien le type qui incarnait au cinéma ou à la télévision ces différents métiers. J’ai continué mes études, et après le bac, j’ai commencé à prendre des petits cours de théâtre. J’ai fait une fac de droit et un petit peu d’anglais aussi, puis je me suis arrêté, j’ai vécu, j’ai travaillé.

Il faut beaucoup de prétention pour vouloir devenir acteur. Tu peux être écrivain ou peintre dans ton coin, ça n’engage que toi, tu es seul face à ta toile ou ta page blanche. Mais pour être acteur, c’est une autre histoire ! Les choses ont fini par se faire naturellement : j’ai continué, j’ai trouvé un agent, je suis entré au Conservatoire, et j’ai fini par trouver de plus en plus nécessaire de jouer la comédie.

  Ni pour, ni contre (bien au contraire) (c) D.R.

Objectif Cinéma : C’est venu progressivement…

Dimitri Storoge : Oui, comme une addiction lente qui s’est développée.


Objectif Cinéma : Plus tu jouais, plus cela devenait nécessaire pour toi…

Dimitri Storoge : Oui, plus tu découvres des univers, plus tu vis de choses, et - c’est assez égoïste - plus tu fais des découvertes sur toi, plus tu arrives à exprimer des choses. C’est très grisant de sentir que ton corps, ta voix, ta manière de bouger constituent un instrument de musique très malléable. Tu découvres un instrument que tu connais depuis toujours, tu apprends à maîtriser ses ressources insoupçonnées.