Objectif Cinéma :
Je fais le lien entre la musique électronique, la danse,
et cette première scène où tu apparais dans Ni pour ni
contre… Tu es en équilibre, sur le toit d’une terrasse,
à l’image de l’ambivalence de Loulou, ton personnage, aussi
drôle qu’inquiétant. Comment as-tu construit ce personnage
?
Dimitri Storoge
: Nous avons fait des lectures avec Cédric, nous avons parlé
du personnage. Avec Vincent, Simon, Zinedine, nous avions
envie de changer notre manière de bouger. Je me suis dit
que Loulou était un jeune homme déséquilibré qui essayait
de trouver son équilibre, donc il en fait toujours un petit
peu trop et il n’est pas complètement adulte. Les adultes
semblent davantage contrôler leurs mouvements, contrairement
aux enfants qui ont des gestes plus saccadés, moins contrôlés,
surtout chez les touts petits. J’ai essayé de trouver un
entre-deux, entre quelqu’un qui a une conscience de son
corps, et celui qui ne sait pas s’en servir. Loulou ne maîtrise
pas ce qu’il dit, il veut en faire toujours trop, il a trop
de choses à prouver, il veut faire sa place. Voilà ce que
je me suis dit ; ensuite, j’ai essayé de trouver un jeu
adapté. Pour cette scène, il était inutile de se préparer
à l’avance : quand tu te retrouves en situation, sur
la terrasse, prenant conscience de la hauteur sous tes pieds,
tu ne peux plus faire ce que tu avais prévu quand tu étais
seul dans ta chambre. Donc je ne me suis pas pris la tête
avec ça. J’ai simplement essayé de trouver un jeu un peu
désaxé, avec des gestes saccadés dans tous les sens, tout
en trouvant un équilibre.
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Objectif Cinéma
: C’est un travail qu’on
retrouve dans tout le film…
Dimitri Storoge
: Ah oui, tant qu’à le faire, du moment que le réalisateur
l’accepte, autant le faire tout le long ! (rires)
Ce personnage n’a pas beaucoup de scènes dialoguées, il
fallait procéder par petites touches, et ne rater aucune
occasion de le défendre, de le rendre visible tout le temps,
même au troisième plan.
Objectif Cinéma :
Cédric Klapisch était-il
précis dans ses demandes ?
Dimitri Storoge
: Non… Par exemple, pour les scènes de braquage, il nous
demandait juste de trouver une espèce de calme tendu, qu’on
a d’ailleurs parfois eu du mal à trouver. C’était une indication
donnée en plus de ce qu’on avait déjà trouvé et créé sur
le personnage. Cédric te laisse chercher, il n’est pas forcément
très précis sur la manière de faire. Il est très à l’écoute.
Il a un vrai regard et sait vraiment ce qu’il veut, sans
forcément t’indiquer les choses de manière très directive.
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Objectif Cinéma :
Quand s’est véritablement
formé la complicité avec les autres comédiens ? Lors
des séances de lecture ?
Dimitri Storoge :
J’ai d’abord fait des essais avec une directrice de casting,
avant d’en refaire avec Simon Abkarian et Vincent Elbaz.
Cédric était présent aussi. Il y a eu alors une sorte d’évidence
avec Simon et Vincent lors de ces essais. Immédiatement,
sans en parler. Plus tard, la lecture collective du scénario
et des dialogues a fortifié cette complicité. C’est la magie
de Cédric d’avoir su réunir des gens qui pouvaient s’entendre
et travailler ensemble. Cela s’est passé naturellement,
je n’ai pas l’impression qu’il y a eu des efforts. Ensuite,
c’est vrai qu’au bout de treize semaines, c’était bien d’aller
chacun de son côté. On peut vite se saouler les uns les
autres et puis on a aussi envie d’aller voir ailleurs !
Mais c’est vrai qu’on se voit encore aujourd’hui, j’ai noué
avec eux une relation assez rare, ne serait-ce que par rapport
à des gens avec qui j’ai pu travailler au Conservatoire
ou sur d’autres projets.