Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Dimitri Storige (c) Safia Benhaïm
Objectif Cinéma : Cette métaphore sur le corps comme instrument de musique est très intéressante pour toi : j’ai l’impression que tu as un rapport singulier avec la musique.

Dimitri Storoge : Oui, c’est vrai. Sauf que je me rends compte que je suis beaucoup plus élitiste pour mes goûts musicaux que pour mes goûts cinématographiques. J’écoute beaucoup de musique, de la musique électronique surtout. J’aime en elle cette absence de parole, plus sensitive, plus animale…On en revient à ça !


Objectif Cinéma : Je fais le lien entre la musique électronique, la danse, et cette première scène où tu apparais dans Ni pour ni contre… Tu es en équilibre, sur le toit d’une terrasse, à l’image de l’ambivalence de Loulou, ton personnage, aussi drôle qu’inquiétant. Comment as-tu construit ce personnage ?

Dimitri Storoge : Nous avons fait des lectures avec Cédric, nous avons parlé du personnage. Avec Vincent, Simon, Zinedine, nous avions envie de changer notre manière de bouger. Je me suis dit que Loulou était un jeune homme déséquilibré qui essayait de trouver son équilibre, donc il en fait toujours un petit peu trop et il n’est pas complètement adulte. Les adultes semblent davantage contrôler leurs mouvements, contrairement aux enfants qui ont des gestes plus saccadés, moins contrôlés, surtout chez les touts petits. J’ai essayé de trouver un entre-deux, entre quelqu’un qui a une conscience de son corps, et celui qui ne sait pas s’en servir. Loulou ne maîtrise pas ce qu’il dit, il veut en faire toujours trop, il a trop de choses à prouver, il veut faire sa place. Voilà ce que je me suis dit ; ensuite, j’ai essayé de trouver un jeu adapté. Pour cette scène, il était inutile de se préparer à l’avance : quand tu te retrouves en situation, sur la terrasse, prenant conscience de la hauteur sous tes pieds, tu ne peux plus faire ce que tu avais prévu quand tu étais seul dans ta chambre. Donc je ne me suis pas pris la tête avec ça. J’ai simplement essayé de trouver un jeu un peu désaxé, avec des gestes saccadés dans tous les sens, tout en trouvant un équilibre.


  Ni pour, ni contre (bien au contraire) (c) D.R.

Objectif Cinéma : C’est un travail qu’on retrouve dans tout le film…

Dimitri Storoge : Ah oui, tant qu’à le faire, du moment que le réalisateur l’accepte, autant le faire tout le long ! (rires) Ce personnage n’a pas beaucoup de scènes dialoguées, il fallait procéder par petites touches, et ne rater aucune occasion de le défendre, de le rendre visible tout le temps, même au troisième plan.

Objectif Cinéma : Cédric Klapisch était-il précis dans ses demandes ?

Dimitri Storoge : Non… Par exemple, pour les scènes de braquage, il nous demandait juste de trouver une espèce de calme tendu, qu’on a d’ailleurs parfois eu du mal à trouver. C’était une indication donnée en plus de ce qu’on avait déjà trouvé et créé sur le personnage. Cédric te laisse chercher, il n’est pas forcément très précis sur la manière de faire. Il est très à l’écoute. Il a un vrai regard et sait vraiment ce qu’il veut, sans forcément t’indiquer les choses de manière très directive.


Vincent Elbaz (c) D.R.

Objectif Cinéma : Quand s’est véritablement formé la complicité avec les autres comédiens ? Lors des séances de lecture ?

Dimitri Storoge : J’ai d’abord fait des essais avec une directrice de casting, avant d’en refaire avec Simon Abkarian et Vincent Elbaz. Cédric était présent aussi. Il y a eu alors une sorte d’évidence avec Simon et Vincent lors de ces essais. Immédiatement, sans en parler. Plus tard, la lecture collective du scénario et des dialogues a fortifié cette complicité. C’est la magie de Cédric d’avoir su réunir des gens qui pouvaient s’entendre et travailler ensemble. Cela s’est passé naturellement, je n’ai pas l’impression qu’il y a eu des efforts. Ensuite, c’est vrai qu’au bout de treize semaines, c’était bien d’aller chacun de son côté. On peut vite se saouler les uns les autres et puis on a aussi envie d’aller voir ailleurs ! Mais c’est vrai qu’on se voit encore aujourd’hui, j’ai noué avec eux une relation assez rare, ne serait-ce que par rapport à des gens avec qui j’ai pu travailler au Conservatoire ou sur d’autres projets.