Objectif Cinéma
: Revenons un peu en arrière :
tu as fait le Cours Florent. Est-ce que c’était pour toi une
évidence de suivre cet enseignement ?
Dimitri Storoge
: En fait, je me souviens que c’est ma mère qui m’y a inscrit,
presque de force !
Objectif Cinéma
: Elle te soutenait...
Dimitri Storoge
: Ma mère et ma sœur m’ont toujours soutenu. Toujours, toujours,
toujours ! Oui, le Cours Florent était encore petit à
l’époque, il n’était pas encore devenu la grosse machine d’aujourd’hui.
En première année, j’ai rencontré Christophe Garcia, avec
qui je me suis très bien entendu : c’est le premier à
m’avoir parlé de cette manière de retrouver cet état ludique,
d’enfance, dont on parlait au début de l’entretien. J’ai suivi
plus sérieusement les cours en troisième année. Je préparais
aussi le Conservatoire, sans trop y croire car il me paraissait
inaccessible.
 |
|
|
|
Objectif Cinéma
: Quelles sont les conditions
pour y entrer ?
Dimitri Storoge
: Le concours s’étale sur six mois, il y a trois tours.
Tu passes deux scènes lors d’un premier tour - j’ai d’ailleurs
eu un trou au premier tour, un trou énorme qui m’a valu
de repasser une troisième scène ! Ensuite vient le
deuxième tour où tu passes deux scènes, puis un stage, et
un troisième tour où tu passes une dernière scène. Si je
me souviens bien, au premier tour, il y avait deux scènes
contemporaines, deux scènes classiques, au deuxième tour,
une scène classique, une scène contemporaine, et au troisième
tour, c’était au choix.
Objectif Cinéma
: Parle-moi un peu de l’enseignement.
Il existe au Conservatoire des classes d’interprétation
où tu travaillais des pièces de Shakespeare…
Dimitri Storoge :
C’était en deuxième année. En première année, nous avons
travaillé avec Dominique Valadié sur Titus Andronicus,
la version d’Heiner Müller. C’était un travail très particulier,
dans un cadre très serré, où l’acteur est d’abord pris comme
un moyen de passer une information : mais à partir
du moment où tu joues, tu parasites l’information, donc
en fait, cela signifie au bout du compte qu’il ne faut pas
jouer. C’est assez drôle d’être au Conservatoire et de tomber
sur ce type de discours ! Je ne le défends d’ailleurs
pas forcément, mais comme c’est un discours qui est tenu
par Dominique Valadié, une femme intelligente et très bonne
actrice, il arrive un moment où tu fais des efforts pour
le comprendre. Tu essayes alors, dans ce cadre imposé, de
chercher ta bulle d’air, et tu te rends compte qu’il est
très bien de passer par une telle étape.
|
 |
|
|
En deuxième année, nous avons travaillé
avec Catherine Hiegel, qui a une autre vision du métier,
sans être antinomique de celle de Dominique Valadié. Ces
deux visions ne s’annulent pas, mais s’additionnent. Avec
Catherine Hiegel, il s’agissait d’un travail autour de l’enfermement.
Nous avons travaillé des scènes de différents auteurs sur
le thème de la prison, de la folie, etc. Sans user de la
langue de bois, je suis très heureux d’avoir fait le Conservatoire,
j’ai passé d’excellents moments et appris beaucoup de choses
avec des profs très intéressants.
Objectif Cinéma :
Comment as-tu appris le travail
avec la caméra ?
Dimitri Storoge
: Je l’apprends toujours. Ce n’est pas la caméra qui me
pose problème, mais le cadre. Je ne réalise pas encore ce
qu’il y a dans le cadre, comment se positionner par rapport
à lui. Quand c’est possible, je jette un petit coup d’œil
dans la caméra, j’essaye aussi de me renseigner sur la taille
des objectifs, etc.
Objectif Cinéma
: Est-ce que tu aimerais
réaliser un film un jour ?
Dimitri Storoge
: Oui, mais il faut pour cela une maturité que je n’ai pas
encore. Je pense qu’un jour je raconterais des histoires,
oui. J’essaye d’observer le plus possible sur un plateau.
C’est très détendant de se balader sur un plateau avant
le tournage d’une scène, cela me permet de se concentrer...