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  Taxi 3 (c) D.R.

Objectif Cinéma : Quelle est la politique du Méliès à l’égard du jeune public ? A ce sujet, Francois Aymé, exploitant, dit : « il n’y a pas de politique affirmée quant à la transmission de la cinéphilie auprès des enfants et adolescents qui, sans cela, deviendraient consommateur d’images ».

Stéphane Goudet : Je suis d’accord ! Je participe aux Enfants de cinéma puisque je suis au Conseil d’administration, et c’est aussi pour ça. Il faut former les gamins le plus tôt possible en leur montrant des films qu’ils n’iraient pas voir spontanément. De fait, cela marche, notamment lorsqu’on projette des vieux films en noir et blanc. On va faire une opération avec Le Caméraman de Keaton et je suis convaincu que cela va marcher. Le problème, c’est plutôt la réticence des adultes. C’est donc un enjeu fondamental et l’on peut encore progresser. Il faut aller dans les classes, discuter des films. Hier, un instituteur est venu me voir pour me demander si je pouvais venir parler de La Party.


Objectif Cinéma : A ce sujet, y a-t-il une forme de partenariat avec l’école ? Comment cela se passe-t-il ?

Stéphane Goudet : Il existe, de fait, mais cela ne passe par tellement par l’institution. Cela dit, on participe à l’ensemble des dispositifs pédagogiques : « école et cinéma », « collège et cinéma » etc. On essaie de faire des choses un peu différentes puisque j’anime un cycle de trois stages pour les instituteurs de Montreuil. Bizarrement, les salles sont assez peu concernées par les classes Apac. J’attendais de voir s’il y avait des choses possibles, mais en fait non. Le premier travail que l’on a entrepris pour la rentrée est de faire un inventaire de l’ensemble des profs intéressés, des profs-relais. Là, on voit émerger quelque chose d’intéressant pour ce travail de collaboration. Donc cela ne passe pas par des institutions, mais par des individus qui ont un désir de cinéma. Je ne crois pas que cela puisse être autrement.


DVD (c) D.R.

Objectif Cinéma : Je voudrais avoir votre avis sur l’acte même de projeter un film en salle aujourd’hui, à l’heure d’une concurrence et d’une diversification accrue d’autres supports de diffusion (on annonce que le marché du DVD va dépasser le marché du film en salle), ce qui fait qu’il y a une rotation beaucoup plus rapide de la diffusion des copies, de la vie des films en salle, sans oublier que les délais d’exploitation des films en copies DVD et vidéos après leur sortie en salle ont été considérablement réduits. Est-ce que c’est une question qu’on se pose ?

Stéphane Goudet : Il y a trois atouts qui, pour l’instant, demeurent. Tout d’abord, la qualité supérieure de la projection dans une salle liée à la dimension de l’écran, la beauté de l’image. Deuxièmement, je crois profondément que si les gens viennent au cinéma, c’est aussi pour être avec d’autres, pour constituer un public. C’est la dimension du rituel cinématographique : on partage quelque chose avec d’autres spectateurs. Un film comme La Party, par exemple, est mille fois plus fort en salle que chez soi. Après, on peut avoir un autre rapport de consommation au film : regarder un DVD pour revoir une séquence précise, par exemple. Mais je crois qu’il se passe quelque chose dans la communion des spectateurs qui ne sera pas remplacée.


Objectif Cinéma : Au fond, les nouveaux modes de diffusion ne changent rien au problème, qui du reste se posait déjà avec l’apparition de la télé, des cassettes.

Stéphane Goudet : Je crois qu’il y a moins de rivalité que l’on ne pense et qu’il y a une vraie complémentarité.