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  Playtime (c) D.R.

Objectif Cinéma : Il y a toujours un engouement pour Tati.

Stéphane Goudet : Ce n’était pas évident six mois auparavant. Ce n’était pas évident qu’un film comme Playtime, qui peut être considéré d’un abord difficile, marche.


Objectif Cinéma : Pour la restauration de Playtime, vous avez eu un rôle puisque vous avez retrouvé des copies.

Stéphane Goudet : Oui. C’est un petit rôle en amont. J’avais fait une recherche pour retrouver la copie originelle de Playtime, qui durait 2h 34. J’ai contacté de nombreuses cinémathèques et j’ai pu identifier des copies intermédiaires, qui duraient 2h 14, dans trois cinémathèques internationales. J’ai eu accès à des copies vidéo de ces copies. La restauration actuelle, d’une durée de 2 heures quatre, s’appuie en partie sur cette version intermédiaire de 2h14, dont j’ai donné une copie à François Ede, le directeur de la restauration. Ce qui l’a aidé pour le montage de certains plans, notamment la scène de poursuite dans les bureaux.


Objectif Cinéma : Pourquoi Playtime est-il réellement un chef-d’œuvre, au sens fort du terme, ce qui semble être admis par tout le monde ?

Stéphane Goudet : Il a un statut mythique. Il ne peut susciter que de l’admiration pour un cinéaste s’investissant à ce point sur un projet et allant jusqu’au bout de ses ambitions esthétiques. D’emblée, cela le situe dans une autre dimension. On sait qu’il a tout donné pour ce film qui lui a pris neuf ans de travail, cela a entraîné sa ruine. C’est le rapport à l’investissement de Tati qui fait que ce film devient un mythe. Il représente la liberté totale d’un créateur qui ne renoncera jamais à son projet, même s’il a sacrifié un tiers du scénario. Par ailleurs, l’ensemble des questions esthétiques, idéologiques, politiques qui traversent le film n’ont jamais été posées de manière aussi forte. C’est quand même un des films qui commencent à pointer du doigt une forme de mondialisation et à la questionner, ce qui a des résonances contemporaines assez fortes sur un bon nombre de spectateurs. Sur le plan esthétique, c’est vraiment un film renversant, sur l’audace de construction d’un récit, quasi expérimentale, et qui anticipe de nombreux films contemporains où le récit linéaire est mis en question. C’est aussi un film très impressionnant de maîtrise. A sa sortie, Truffaut disait qu’aucun film n’avait été filmé, cadré, monté, mixé comme celui-là. En effet, il y a un travail incroyable sur le cadre, une maîtrise de la couleur, un travail époustouflant sur la bande son (résultant d’un an de travail jour après jour avec l’ingénieur du son).


Jacques Tati (c) D.R.

Objectif Cinéma : On a le sentiment d’une plénitude esthétique à chaque plan.

Stéphane Goudet : Oui, c’est cela. Une jouissance immédiate de chaque plan, doublée du plaisir de la construction générale et des effets d’échos entre les scènes. C’est un chef d’œuvre, d’accord, mais cela ne m’empêche pas de penser que certaines choses fonctionnent moins bien que d’autres : certains éléments ont un peu vieilli, notamment le travail sur le costume. Je pense à la scène avec les jeunes qui débarquent avec leur poste sur le bras, et que je ne trouve pas réussie. Bref, un chef d’œuvre, cela ne veut pas dire que tout est absolument parfait. C’est pour cela qu’il passait son temps à retravailler ses films, à essayer de les remonter, voire à tourner des séquences supplémentaires.



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Le Cinéma Georges Méliès :
Ouvert en 1987 pour une diffusion cinématographique large; 3 salles, 500 places, programmation jeunesse, tarifs préférentiels et actions scolaires. Plus de 160 000 entrées par an affichent l'intérêt des montreuillois. En 1996 en collaboration avec l'INA, s'y est tenu le premier Festival Européen Jeune Création Infographie

Cinéma Georges-Méliès
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Tél. : 01 48 58 90 13




Objectif Cinéma :
Playtime de François Ede et Stéphane Goudet