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La Chambre des officiers (c) D.R.

Objectif Cinéma : Il t’a quand même fait faire des essais ?

Grégori Derangère : Il m’a fait lire le scénario, et je me souviens qu’il avait apprécié que j’y perçoive de la comédie alors que d’autres y avaient vu davantage un drame romantique. Il m’a donné trois scènes à travailler…J’ai passé beaucoup de temps sur la séquence, restée ensuite dans le film, où mon personnage, un peu saoul et énervé, vers la fin du film, engueule un peu celui de Virginie Ledoyen dans la cuisine. J’ai passé cette séquence avec plusieurs actrices, avant qu’il ne choisisse Virginie Ledoyen.


Objectif Cinéma : Il ne l’avait pas encore choisie ?

Grégori Derangère : Non… Le jour où j’ai passé cette scène avec Virginie, je l’avais déjà joué une centaine de fois, il a fallu alors retrouver un « jus neuf », et ce n’était pas évident ! Jean-Paul fait souvent beaucoup de répétitions, pour la mise en place générale du plan, la place des caméras. Les séquences sont très découpées, et s’il n’a pas vu le maximum de choses aux répétitions, il n’est pas à l’aise. Il fait ensuite aussi beaucoup de prises…


Objectif Cinéma : Avant le tournage, il fait des lectures ou des répétitions ?

Grégori Derangère : Il voulait, mais ça ne s’est malheureusement pas fait


  Gregori Derangere (c) David Lombourg

Objectif Cinéma : Par manque de temps ?

Grégori Derangère : Oui, sûrement un manque de disponibilité de beaucoup de monde. On n’a pas pu. Jean-Paul et moi, nous nous sommes vus deux trois fois au restaurant avant le tournage. Il m’a raconté le personnage de Frédéric, inspiré un peu de sa vie, d’éléments assez intimes. C’est un personnage un peu bizarre finalement : il s’agit d’un trentenaire pas plus bête qu’un autre, mais qui garde une espèce de tare… Il pourrait très bien avoir 14 ans, mais il en a 30 ! Et il ne fallait pas le rendre attardé, abruti, mais le saouler de l’amour qu’il porte à Viviane (Isabelle Adjani).


Objectif Cinéma : Il y avait aussi du Modiano dans ton personnage…

Grégori Derangère : Oui, je l’ai rencontré aussi, c’est une espèce de Jean-Paul bis, de « grande tige », qui s’exprime de la même façon, avec le même humour, l’œil qui plisse, tout en restant très distingué.


Objectif Cinéma : Jean-Paul Rappeneau t’a montré des films aussi ?

Grégori Derangère : Un extrait de La vie est belle de Capra, dans lequel le personnage de James Stewart, à la fois bougon et amoureux, veut rentrer chez une femme. Rappeneau voulait que je retrouve un peu cet esprit-là, surtout par rapport à toutes les scènes où je cours après Viviane. Il voulait montrer un peu l’énergie du bonhomme.


Tournage de Bon voyage (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comment travaille Jean-Paul Rappeneau ?

Grégori Derangère : Les séquences sont minutieusement découpées, tout est réglé d’avance. Quand on arrive sur le lieu du tournage, on sait exactement où l’on doit monter, vers quel côté aller, quand s’arrêter ou non, ne pas tourner avant de dire ça, etc : c’est tout un jeu de mécanique à mettre en place aux répétitions, avec la caméra. Quand on a fait toutes ces répétitions « pratiques », on commence à répéter un petit peu en jouant, pour que Jean-Paul arrive à trouver le rythme et les intonations. Il a déjà « joué » tout le film. Il a déjà en lui toutes les intonations de chaque phrase avec les différents temps, et l’acteur doit les recréer. On est un peu là pour refaire la cassette vidéo qui est déjà dans la tête de Rappeneau !  Ce sont des répétitions de déplacement, de texte, d’intonation…