|
 |
|
|
Objectif
Cinéma : Une alchimie s’opère
quand même ?
Grégori Derangère - Oui, bien
sûr, il faut être au service de ce que veut le réalisateur,
mais l’être trop peut nuire aussi au personnage. Mais on arrive
à prendre ces distances avec le temps et un peu d’expérience.
Objectif Cinéma : Justement,
ça fait dix ans que tu es acteur…
Grégori Derangère : Oui mais
je n’ai pas fait grand chose non plus…
Objectif Cinéma :
A part La chambre des officiers, j’ai l’impression
que c’est la première fois où tu es vraiment « dirigé »
par un metteur en scène. Avec aussi Anna Oz, non ?
Grégori Derangère : Pas tant
que ça. Pour le rôle de Frédéric dans Bon voyage, c’était
plutôt, comme je le disais, une question de rythme sur le
tournage. Car le pourquoi du comment du personnage, ce n’est
pas archi compliqué à comprendre. En l’occurrence, c’est un
bonhomme amoureux qui a un meurtre sur le dos, et se retrouve
embarqué dans une histoire incroyable. Pas besoin de se torturer
la tête pour comprendre ! Mon personnage dans La chambre
des officiers n’est pas non plus très compliqué,
c’est une victime de la guerre qui se retrouve à l’hôpital,
fantasme sur une femme, etc.
 |
|
|
|
Objectif
Cinéma : Souvent les
personnages que tu incarnes ont une sorte de nonchalance…
Grégori Derangère : Oui,
j’aime bien ça. Je pense toutefois que Frédéric, dans Bon
voyage, est pour moi un rôle de composition, notamment
pour tout ce qui concerne cet amour incroyable qu’il porte
à Viviane, jouée par Isabelle Adjani. Ce n’est pas réaliste
du tout. Il a donc fallu que je « pousse le bouchon »
un peu plus loin pour rendre ce personnage crédible. J’ai
contenu sa nonchalance, car Jean-Paul Rappeneau me disait
souvent de le jouer moins détendu, moins tranquille. Il voulait
qu’il ait une tension du début à la fin. C’était physique.
Quand je parle de tension, ce n’est pas seulement galoper
et courir, ou d’être pris dans une action, mais d’être toujours
« tendu ». Cela n’a pas été « naturel »
pour moi.
Objectif Cinéma : Comment
as-tu travaillé ?
Grégori Derangère : J’ai
été très studieux. J’allais me retrouver dans un film où les
acteurs sortaient tous d’un autre tournage, ils allaient en
faire un autre, ils étaient donc dans une énergie incroyable ;
c’est la première fois aussi qu’on me proposait un rôle aussi
important, avec une évolution. Je ne voulais donc pas être
« petit », quitte à en faire trop et qu’on me le
dise. J’ai donc peut-être eu tendance à en rajouter. Mais
ça, c’est sans doute de l’inexpérience. J’ai passé pas mal
de temps dans un local prêté par un copain à tourner en rond,
sûrement trop d’ailleurs, histoire de choper cette énergie
et j’avais peur de ne pas avoir assez bossé. J’avais peur
que ma « machine » ait un rendement inférieur à
celle des autres comédiens. Cela faisait un an que je n’avais
pas joué. Et l’on peut s’encrasser à force de ne pas jouer.
Je voulais décrasser tout ça. Il y a même des scènes où je
trouve que je suis un peu crevé !
|
 |
|
|
Objectif
Cinéma : Comment as-tu
réagi en voyant le film pour la première fois ? Tu
t’es focalisé sur toi ?
Grégori Derangère :
Oui, c’est sûr. Comme tous les autres acteurs, quand on
se voit comme ça à l’écran, on ne remarque souvent que ce
qui ne va pas. Mais je me suis dit aussi que si j’avais
vu le film avec un autre comédien, j’aurais rêvé de participer
à une telle aventure. Et je ne sais pas d’ailleurs si on
reverra encore beaucoup de films comme celui-là.
Objectif Cinéma : Par
contraste avec Jean-Paul Rappeneau, comment François Dupeyron
t’a dirigé dans La chambre des officiers ?
Grégori Derangère :
Il fait moins de répétitions, il est très précis aussi.
Avec lui, on est là pour créer quelque chose sur le moment,
alors que Jean-Paul Rappeneau a déjà tout en tête. Il y
a peut-être plus de liberté avec François. Avec Rappeneau,
c’est comme si on était la deuxième personne à jouer la
scène, après lui.