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Objectif Cinéma :
Pourquoi cette réédition maintenant
? Est-ce due à une volonté de faire reconnaître le cinéaste
Chaplin en dehors de sa création Charlot connue du
grand public ?
David Robinson :
Je ne suis pas intervenu dans la décision
de faire cette réédition. J’imagine que les éditeurs ont trouvé
que c’était une période favorable étant donné le regain d’intérêt
pour Chaplin, du fait de la re-sortie des films chez MK2 et
des éditions DVD par la Warner.
Objectif Cinéma : L’édition
2002 de votre livre ne présente aucune photographie ou représentation
chères aux ouvrages consacrés au cinéma. Cette particularité
atteste-t-elle d’une croyance en un primat supérieur de l’écrit
sur le visuel et par-là même d’une tentative de lui
donner une certaine autorité intellectuelle ?
David Robinson :
Pas du tout ! Les éditeurs ont
décidé seuls, et sans me contacter, d’omettre les illustrations.
Pour moi, il est impossible de faire un livre sur un film
sans illustrations. D’ailleurs les deux éditions anglaises
de Chaplin, his life and art comportent de nombreuses
photographies dont la plupart sont publiées pour la première
fois.
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Objectif Cinéma :
Que représente Chaplin dans
le cinéma américain à l’heure actuelle ?
Existe-t-il, selon vous, une filiation (cinématographique,
morale, esthétique, politique) entre Chaplin et Cassavetes
?
David Robinson : Ce
n’est pas facile de répondre ; et je suis à la fois intrigué
et un peu perplexe à l’idée d’une filiation entre Chaplin
et Cassavetes - deux réalisateurs que j’admire individuellement,
mais que je n’avais jamais consciemment rapprochés jusque
là. Je ne trouve pas facile non plus d’évaluer l’importance
de Chaplin dans le cinéma américain contemporain. Tout ce
que je peux dire c’est qu’en dépit des critiques, que l’on
trouve parfois à l’encontre de Chaplin, et des spectateurs
qui l’ont oublié, je n’ai jamais rencontré de réalisateur
qui ne considère Chaplin et son œuvre comme une part essentielle
de sa formation culturelle.
Objectif Cinéma : Pensez-vous
qu’il sera un jour possible de découvrir une copie du film
A Woman of the Sea, produit par Chaplin et
réalisé par Joseph von Sternberg, ou bien est-il définitivement
perdu ?
David Robinson :
C’est un des grands mystères du cinéma !
Nous avons la preuve que le négatif de A Woman of Sea
a été brûlé (pour répondre à l’administration fiscale américaine).
Mais il y avait certainement au moins un positif que quelques
personnes ont vu. Il n’est certainement pas dans le matériel
appartenant désormais à l’Association Chaplin. Il n’est pas
non plus réapparu dans ce qui a été récupéré du Chaplin Studio,
quand il fut démantelé en 1952-53 par Raymond Rohauer . Une
partie (partiellement détruite) fut rendue aux Chaplin ;
l’autre partie est aujourd’hui conservée au National Film
and Television Archive de Londres, mais à aucun moment, un
rapport concernant une copie de A Woman of the Sea
n’est apparu. La majeure partie des films datant de l’âge
muet est perdue...
Mais de temps en temps l’un d’eux ressurgit çà et là. Les
cinéphiles ne perdent jamais espoir.
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