Objectif Cinéma :A
quel stade de développement en sont vos projets de partenariats
avec la France ?
Nicolas Goldstein / Y. Surya :
Nous avons rencontré et nous rencontrons toujours plusieurs
studios d’animation. Ils vont nous mettre en concurrence avec
des studios chinois ou coréens, mais nous restons confiants
car l’Inde a le vent en poupe en ce moment. C’est un pays
encore peu connu dans le domaine de l’animation, mais qui
fait son chemin. Des studios français travaillent déjà avec
des studios indiens depuis l’année dernière. Les autres années,
c’était un peu avant-gardiste de travailler avec l’Inde, maintenant
ces studios s’y penchent sérieusement, surtout depuis l’épidémie
de SRAS (pneumopathie atypique) : les studios se déplacent
moins en Chine donc l’Inde progresse peu à peu face au marché
chinois. Le studio reçoit régulièrement des stagiaires français
issus d’écoles de commerce ou d’audiovisuel afin de leur faire
découvrir le fonctionnement d’un studio d’animation en Inde.
Objectif Cinéma :Où
sont formés les animateurs de votre studio ? Existe-t-il
des écoles d’animation en Inde ?
Nicolas Goldstein / Y. Surya :
Il existe quelques formations en animation en Inde mais en
général, ce sont les studios qui forment eux-mêmes leurs animateurs.
Par exemple, M. Suryanarayana et M. Soudish, qui ont fondé
le studio, ont été formés par des Philippins, réputés pour
tout ce qui est création de cartoons.
Objectif Cinéma :
A quelles difficultés majeures est confronté le studio ?
Nicolas Goldstein / Y. Surya :
L’histoire de l’Inde dans le domaine de l’animation n’est
pas assez mature et Color Chips n’a pas pu encore réaliser
un projet de grande envergure en Europe, c'est-à-dire une
série ou un film.
Objectif Cinéma :Y
a-t-il un marché en Inde pour les films d’animation ?
Nicolas Goldstein / Y. Surya :Non. La principale difficulté du marché
indien pour l’animation est qu’il ne trouve pas son public.
La seule chaîne de télévision que les enfants regardent en
Inde c’est Cartoon Network, une chaîne américaine. La prépondérance
du cinéma (en prises de vues réelles) lui fait de l’ombre
et cela prendra plusieurs années pour que l’animation trouve
sa place au sein de la société indienne.
Objectif Cinéma :
Pourquoi l’Inde, à l’instar de la Corée avec le tout récent
Mary Iyagi (prix du Jury à Annecy 2002), ne parvient
pas à produire ses propres films d’animation ?
Nicolas Goldstein / Y. Surya :Il est nécessaire de se développer
en tant que prestataire de services pour la France, de mettre
en place des co-productions avant de pouvoir créer ses propres
films. La Corée a réussi à faire monter ses prix en tant que
sous traitant et a donc réussi au bout de longues années à
produire son propre film.
A long terme, Color Chips espère pouvoir développer des séries
puis des longs métrages afin d’utiliser les nombreuses légendes
et les multiples personnages issus de la mythologie indienne
dont Disney s’est emparé avec Le Livre de la jungle
et Le Roi Lion, qui mettent en scène des personnages
provenant de la culture indienne.
Objectif Cinéma :
Comment se passe le système de co-production ?
Nicolas Goldstein / Y. Surya :Tout ce qui est production est réalisé
soit en Corée, soit au Japon et maintenant en Inde et en général,
c’est l’animateur français qui se déplace et qui s’occupe
de rester sur place pour guider et animer toute la production.
Pré production et post production sont réalisés en France
et tout le déroulement est pris en charge par le studio, mais
il y a toujours un représentant du studio français pour mener
la fin du projet.