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Cinélycée :
En un sens, c’est dans le film
de Xavier Giannoli que vous vous êtes découverte, en actes
pour ainsi dire ?
Laura Smet : Je
ne pensais pas pouvoir faire cela. Nicolas (Duchauvelle) et
Marie (Denarnaud) m’ont beaucoup aidée ; ce sont des
comédiens extraordinaires, ils dégagent tant de choses et
donnent énormément aux autres. Et puis, il y avait Xavier :
c’est quelqu’un de très sincère, toujours à la recherche d’émotions,
qui essaye de capter les choses de la vie. Avec lui, tout
s’est passé très simplement, sans artifice.
Cinélycée : Et
maintenant, qu’est-ce que cela vous fait de voir votre tête
sur tous les arrêts de bus ?
Laura Smet : En
fait, je vois surtout Charlotte, je n’ai pas l’impression
que c’est moi. Donc ça ne me dérange pas trop… C’est plutôt
quand je me vois dans de « mauvais » magazines que
je suis un peu dégoûtée : c’est là que je me rends compte
qu’il existe dans le monde des médias un véritable marché
noir. Je me suis ainsi retrouvée à la une d’un journal à scandale
alors que je ne leur ai jamais accordé d’interview !
J’avais donné une interview à un autre magazine qui la leur
a revendue…
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Cinélycée :
Justement, vous êtes actuellement
à la une de tous les journaux et l’on n’hésite pas à parler
de vous comme nouvelle star. Comment le vivez-vous ?
Est-ce que ce terme de « star » vous fait peur ?
Laura Smet : Je
trouve tout ce battage stupide, je n’ai rien fait pour ça,
j’ai juste fait un film… Nicolas a déjà cinq films à son actif,
Marie aussi en a fait plusieurs, Xavier a eu la Palme d’or
du court-métrage à Cannes, alors que moi je n’ai encore rien
fait… Tout ça est un peu injuste, on ne reconnaît plus le
mérite des autres et on a fait de moi une sorte de produit
marketing. À cause de mon nom et parce que je me suis rasé
la tête, je fais toutes les couvertures ?
Les gens fantasment sur ces détails et ne voient plus le reste.
C’est quand même fou, nous sommes trois comédiens à l’affiche
du film, mes partenaires jouent merveilleusement bien et on
ne parle que de moi ! Pourtant j’ai encore tout à apprendre,
je n’ai que dix-neuf ans, et non pas cinquante ans de carrière
derrière moi… Je ne sais même pas ce que veut dire le mot
de « star ». Tout ce qui m’arrive me dépasse et
cela finit par être un peu douloureux : j’ai la chance
d’avoir fait ce que j’ai fait, d’avoir travaillé avec des
gens de talent, mais, autour de l’équipe, certaines personnes
se sont dit que comme le film avait été fait avec très peu
de moyens, j’allais aider à le promouvoir. C’est un peu facile…
Du coup je suis devenue un objet de consommation, un yoyo.
Alors j’en ai eu marre et j’ai dit ce que je pensais à ceux
qui me manipulaient… Parfois je pense à Charlotte Gainsbourg,
qui a vécu la même chose et qui a très bien su gérer cela,
même si à un moment elle en a souffert : elle vit maintenant
tranquille, elle se contente d’être sublime dans ses films.
Cinélycée : Pour
parler plus précisément de votre film, pourquoi avoir commencé
votre carrière cinématographique par un film comme Les
corps impatients ?
Laura Smet : Quand
j’étais à Emergence, Olivier Assayas, qui est un ami de Xavier
Giannoli, a entendu parler de moi. C’est comme cela que j’ai
atterri sur le casting des Corps impatients. Mais je
pensais alors que j’étais totalement incapable de jouer un
tel rôle et que jamais je ne serais prise. Cependant j’ai
eu la chance de tomber sur un casting qui permettait aux comédiens
de faire plusieurs essais : au premier essai j’étais
toute tremblante, mais après cela allait mieux et Xavier Giannoli
a été séduit.
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