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Cinélycée :
Xavier Giannoli a dit de vous :
« Elle a autant de choses à taire qu’à dire. Elle possède
en elle un secret que je ne connais pas et que, j’espère,
personne ne dévoilera jamais. » Vous reconnaissez-vous
dans ce portrait ?
Laura Smet : Il
n’y a pas de secret. Ou alors tout le monde a un secret, Xavier,
Nicolas, Marie, comme moi : on a tous quelque chose en
quoi l’on puise notre énergie et notre émotion.Mais c’est
vrai, il ne faut pas le dévoiler, c’est important que chacun
cultive en lui une part de mystère.
Cinélycée : Et
vous reconnaissez-vous dans le personnage de Charlotte ?
Laura Smet : Sûrement,
dans le sens où Charlotte a dix-neuf ans, comme moi, qu’elle
est amoureuse comme je l’ai été, une fois, et où elle a des
réactions un peu similaires . Comme moi, Charlotte est
quelqu’un qui réagit au quart de tour et qui se force à oublier
certaines choses (dans le film, la maladie) en en faisant
de plus terribles encore : pousser l’homme qu’elle aime
dans les bras d’une autre, par exemple, en traitant le mal
par le mal, en quelque sorte, poussée par une pulsion de vie
à se rendre jalouse plutôt que penser à sa maladie. Il y a
des gens qui essayent de se mettre dans le personnage ;
moi j’essaye de l’être. Et pendant le film, j’avais vraiment
l’impression d’être Charlotte. Si dans la rue on m’avait appelée
Charlotte, je me serais retournée !
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Cinélycée :
Ce rôle a-t-il été pour vous
un rôle de composition ou avez-vous en grande partie puisé
dans Laura Smet pour l’interpréter ?
Laura Smet : Je
ne sais pas vraiment… Nicolas m’a énormément aidée à interpréter
le rôle de Charlotte, Xavier aussi. On peut tous être
quelqu’un d’autre, en puisant en soi des choses personnelles.
Avec Les corps impatients, j’ai trouvé l’histoire d’une
découverte dans laquelle je me reconnaissais : Charlotte
découvre quelque chose qu’elle possède, en l’occurrence la
maladie, et moi en faisant le film, j’ai découvert ma voie,
ma passion.
Cinélycée : Ce
rôle a-t-il changé votre vie ?
Laura Smet : Oui,
complètement.
Cinélycée : Quelle
a été la part d’improvisation dans vos scènes ?
Laura Smet : En
fait il n’y a eu pratiquement que de l’improvisation dans
le film. Xavier est un cinéaste merveilleux car il est dans
le réel, dans la sincérité. Il nous a donc donné carte blanche
pour nos scènes : à condition de respecter le sens du
scénario, nous pouvions parler comme dans la vraie vie, avec
nos mots. J’ignore le secret de Xavier, mais une chose est
sûre, c’est qu’il a quelque chose en lui, dans le regard,
dans la façon dont il filme et dirige ses comédiens, dans
cette exigence qui lui est propre.
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