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Moro No Brasil (c) D.R.

Objectif Cinéma : Pensez-vous que la musique puisse suffire pour partir de la favela ?

Mika Kaurismäki : Oh, mais ils n’ont pas besoin d’en partir. La plupart des gens ne veulent même pas partir. Perchés sur les collines, ils ont la meilleure vue sur la ville. Souvent, c’est mieux de vivre là qu’ailleurs. Mais le problème, c’est le trafic de drogue, qui est géré par les riches, les politiciens, des gens haut placés. Quand je suis arrivé au Brésil, quelques vieux sages géraient les affaires de chaque favela à Rio : l’un s’occupait de la culture, un autre des affaires sociales et l’autre des affaires économiques, et ça incluait la drogue. Mais maintenant ça peut être des jeunes adolescents, totalement irresponsables. Ça fait peur.


Objectif Cinéma : A plusieurs moments dans le film, il est dit que la samba peut éduquer les gens. Comment expliquer cela ?

Mika Kaurismäki : Ce n’est pas seulement apprendre la musique, mais aussi la discipline. Pour faire partie de la compagnie de danse Majê Molê que je montre dans le film, les filles doivent apprendre à lire. Elles doivent apprendre à faire partie d’une communauté. Si tu es dans un groupe, tu dois respecter les autres membres du groupe. C’est ça le message.

  Moro No Brasil (c) D.R.

Objectif Cinéma : Pouvez-vous nous parler de votre bar musical à Rio ?

Mika Kaurismäki : Le bar qui est montré dans le film, je l'ai vendu l'an dernier. Ça demandait trop de travail. J’ai dû choisir entre être un propriétaire de bar ou un cinéaste. Je l'ai gardé pendant trois ans, et puis je l'ai confié à un associé qui l'a transformé en piège à touristes. Mais j'ai maintenant un autre endroit, dans le quartier de Santa Teresa où je vis. Avec un ami, nous organisons des soirées de samba tous les week-ends. Les gens viennent avec leur instrument dans cette sorte de cabane, et l’on fait la fête. C'est devenu très fréquenté, et maintenant environ 500 personnes viennent tous les week-ends, la rue est pleine de monde...


Objectif Cinéma : Vous pourriez simplement aimer la musique sans pour autant ouvrir un bar ou faire des films dessus. Aimez-vous partager ?

Mika Kaurismäki : J'ai pensé à organiser des concerts lorsque je faisais ce film. J'avais un bar où l’on accueillait des groupes de temps à autre. Mais quand j'ai préparé Moro no Brasil, j'ai rencontré tellement de musiciens que j'ai commencé à les faire tourner chaque soir dans mon bar. Ça s'est fait naturellement.