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Ni pour ni contre (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comment travaillez-vous sur le choix des musiques additionnelles… par exemple pour cette dernière BO, très riche ?

Cédric Klapisch
:  Loïk Dury a trouvé deux musiques additionnelles avec Jean Croc, un ami qui possède beaucoup de disques. Ils m’ont donné un CD avec cinq ou six morceaux, puis j’ai choisi : il s’agissait des deux séquences de danse du cabaret. Pour la première séquence, on a utilisé une musique de Cole Porter, qui colle véritablement aux images des danseuses à plumes. On cherchait ensuite, pour la deuxième séquence, une musique genre Saint-Preux, puis on s’est dit finalement qu’il valait mieux prendre directement du Saint-Preux. Croc et Dury ont trouvé une version du Concerto pour une voix faite dans les années 70 par un Brésilien, elle était plus « cheap » que la version originale. On l’a choisie bien évidemment avant le tournage puisqu’on en avait besoin au tournage. Mais la plupart des musiques sont composées par Loïk. La bande originale nous a pris six mois d’élaboration. On n’avait jamais mis autant de temps et je crois que ça se ressent…Les mélodies sont arrivées assez vite, puis on a peaufiné le mixage au fur et à mesure du travail.


Objectif Cinéma : Et pour le travail de composition, comment s’est fait le choix des atmosphères ?

Cédric Klapisch : Sur Ni pour ni contre (bien au contraire), on savait qu’il fallait une tonalité jazz et blues. J’avais pensé travailler avec Saint-Germain puis ça ne s’est pas fait, mais j’aimais bien cette mixité de la techno et du jazz. On avait cette image-là en tête avec Loïk, on savait aussi qu’il fallait éviter l’écueil du rap à cause de l’association rapide qui se fait souvent entre le film de gangsters et cette musique-là : c’était devenu trop « cliché »…On a quand même mis de la musique arabe, celle d’Hamza El Din.

  Ni pour ni contre (bien au contraire) (c) D.R.

Objectif Cinéma : Ca fait maintenant trois films que vous mettez en musique avec Loïk Dury, cette collaboration vous convient apparemment ?

Cédric Klapisch : Loïk me donne l’impression que j’ai quelque chose à dire musicalement. Ce sont des moments merveilleux pour moi. Le dialogue que j’ai avec lui, musicien, autrement dit quelqu’un travaillant dans un domaine que je ne connais absolument pas mais que j’apprécie énormément, compte beaucoup pour moi.


Objectif Cinéma : Vous assistez aux enregistrements ?

Cédric Klapisch : Dans la mesure où maintenant les enregistrements se font de façon ponctuelle, instrument par instrument quand les musiciens passent au studio, je passe aussi et donne mon mot à dire : on fait des essais, je demande à Loïk d’enlever du violoncelle quand il me semble qu’il y en a trop, etc. Il me dit quand c’est possible de changer ou quand ce n’est pas possible.

Le Poisson rouge (c) D.R.

Objectif Cinéma : Vous faites changer beaucoup de choses ?

Cédric Klapisch : Quand je ne suis pas convaincu, j’essaie d’autres choses, mais Loïk a toujours raison finalement, ce qui est normal. Cependant, dans la musique du braquage pour Ni pour ni contre (bien au contraire), Loïk a conçu une musique qui fonctionnait très bien collée aux images, mais qui n’avait pas assez de construction narrative interne pour pouvoir être écouté sans elles. C’était compliqué. car il s’agit d’un morceau de quinze minutes avec un  montage-image bizarre imposé par la scène mais qui devait être un vrai long morceau de musique… Cela représenta donc une gymnastique compliquée mais aussi une discussion géniale entre nous !


Objectif Cinéma : Même dans vos courts-métrages, je pense au Poisson rouge, la musique a une grande importance…

Cédric Klapisch : Oui surtout pour Le poisson rouge que j’avais réalisé pour une campagne contre le Sida. Effectivement, j’ai rarement vu un tel impact de la musique…J’ai gardé les Breeders alors que je voulais mettre autre chose…j’ai bien fait ! Disons que le film ne marche que dans l’association qu’il y a entre Pierre et le loup de Prokofiev au début et les Breeders ensuite, entre la douce mélodie à la petite flûte et le rock un peu hardeux à la guitare électrique sur-saturée…Le film, sans cette opposition, n’aurait pas de sens.