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Objectif Cinéma :
Ton film serait un manifeste
d’amour du cinéma ?
Alain Guiraudie :
Ah oui quand même! C’est un film qui croit au Cinéma.
On part d’un fait divers puis on glisse vers une dimension
plus onirique, et puis vers le cinéma de genre. Ensuite
on s’amuse à casser un peu tout ça.
Objectif Cinéma :
Hélène Angel, sur le mode
du conte, travaille aussi le rapport à la terre en passant
par le genre.
Alain Guiraudie :
J’ai bien aimé Peau d’homme
cœur de bête. Je n’ai vu son dernier film…
Objectif Cinéma :
Tu sens un mouvement dans
le cinéma français autour de cette question du territoire
? Est-ce le lieu qui donne le récit ?
Alain Guiraudie :
Quant à savoir si ce mouvement se crée dans le cinéma français,
franchement…je n’en sais rien. Moi, c’est la terre natale
qui m’intéresse. C’est surtout des histoires d’êtres humains.
Je n’ai pas tourné dans les lieux auxquels je pensais au
départ. Par contre, à l’origine, ce sont des choses que
j’ai vécues, il y a mon expérience personnelle, mais aussi
les histoires que j’ai vécues avec les gens. J’ai pensé
à des endroits que j’ai traversés dans mon enfance notamment,
et que j’avais envie d’élever au rang de mythes. L’idée
de « village qui meurt », j’aurai pu aller plus
loin et aller de l’autre côté de la frontière espagnole,
où il y a vraiment des villages qui meurent.
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Objectif Cinéma :
On sent une filiation qui vient du cinéma américain des
années 70, avec ces paysages morts, les westerns maniéristes….
Que peut en faire le cinéma en filmant des lieux hantés
d’un passé industriel, ouvrier ?
Alain Guiraudie :
Pour être plus prosaïque, j’ai l’idée de rompre avec l’image
pittoresque que l’on a du Sud-Ouest en général, d’en finir
avec le folklore en lui réglant son compte quand même un
peu, et dire qu’il y a des choses pas très belles. Il faut
faire sa vie là où on a envie de la faire. Quitte à mythifier
des lieux comme le plateau du Causse dans le Larzac pour
du Soleil pour les gueux.
Objectif Cinéma :
Ce qui nous intéresse beaucoup
est ton refus du réalisme rance où le lieu écrase le personnage,
comme chez Bruno Dumont par exemple. Tu proposes au contraire
une reconstitution presque abstraite, où à la limite, le
plateau du Causse échappe à son territoire pour devenir
quelque chose d’autre, mythique et universel. On a parlé
de western d’ailleurs. Et de Ford qui comme toi s’était
emparé d’un lieu Monument Valley pour en faire autre chose.
Alain Guiraudie :
Pour moi, ce plateau du Larzac était mythique et le filmer
c’était se l’approprier et de l’élever. Et dans Pas de
repos…, il y a ça aussi avec l’histoire des longues
plages et l’idée de village qui meurt. Ca m’a beaucoup plus
et je pense même j’aurais dû aller plus loin.