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  Le Travail du film (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comparer l’Agence à une cinémathèque est très juste, dans la mesure où on y retrouve deux dimensions essentielles, celle de la mémoire et celle de la transmission, notamment à travers les activités pédagogiques que vous mettez en place.

Philippe Germain : C’est là aussi une mission de service public. C’est un moyen de faire une éducation citoyenne à des jeunes qui n’ont pas la chance de vivre dans une société où la différence est très bien vue, et où prédomine une logique marchande. C’est bien de leur montrer alors qu’il existe des œuvres différentes. Tout le travail d’information des enseignants est aussi très important. Je crois beaucoup à la valeur de ce travail d’éducation au cinéma qu’on a mis en place, avec des ateliers « programmation » mis en place depuis 3 ou 4 ans. Le court métrage est un genre très pédagogique car on peut travailler sur une œuvre entière, alors que pour un long métrage, on travaille, par manque de temps, sur la séquence. On avait surtout mis l’accent jusque-là sur le « faire » et le « voir », avec des ateliers « pratique », l’intervention de réalisateurs, mais nous n’avions rien fait sur le « faire voir ». On travaille aujourd’hui sur les questions suivantes : « comment réfléchit-on à une programmation ? », « comment agence t-on des films ensemble ? », « comment les regarde-t-on ? », « comment doit-on les re-transmettre nous-même ? ». On travaille beaucoup dans les quartiers défavorisés et avec les opérations « lycéens et école au cinéma ». C’est un peu naïf et utopiste, mais j’aimerais que ces jeunes aillent voir un jour les exploitants de salles de cinéma pour réclamer la diffusion de courts métrages. Cette pratique de formation dans le cadre d’opérations en milieux éducatifs s’est concrétisée par l’édition d’un DVD, « Le travail du film » qui pour moi a été aussi un « modèle politique », puisqu’on a pour une fois mutualisé les moyens entre trois régions qui subventionnent un petit peu le court métrage : la région Auvergne, la région Picardie (et l’ACAP) et la région Centre (avec l’APCVL) se sont associées pour réfléchir et s’interroger sur l’éducation au cinéma. Comment met-on en place un DVD au niveau des moyens et des compétences, de la réflexion et du sens commun qu’on a autour du cinéma ? Nous allons essayer maintenant de mettre en place une collection « court métrage et pédagogie ».

Salam de Souad El Bouhati (c) D.R.

Objectif Cinéma : Peut-on aujourd’hui encore développer la diffusion du court métrage ?

Stéphane Kahn : Ce n’est pas tant la développer que l’améliorer. De nombreux lieux diffusent déjà du court métrage. Mais il faut encore faire évoluer les mentalités et le regard qu’on porte sur les œuvres. La diffusion du court métrage peut aussi évoluer dans les salles art et essai et de recherche. Quand le programmateur d’une salle de cinéma prépare une soirée de courts métrages, il peut s’affranchir des traditionnelles sorties du mercredi (pour lesquelles ils choisissent plus ou moins les films qu’ils vont passer mais où la date et la durée de passage du film leur sont imposées) et assembler comme il l’entend les films qu’il veut. Il peut prendre un film vieux de dix ans pour le mettre avec un film de l’année en cours : c’est un moment où théoriquement, le programmateur peut « s’amuser ». « Améliorer la diffusion », cela sous-entendrait aussi que les courts métrages ne sont pas assez vus. Or, ils sont très vus ! Certains sont même vus davantage que des longs métrages. Salam de Souad El Bouhati a été vu par plus de 100 000 personnes ! Et il continue de circuler.