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Salam de Souad El Bouhati (c) D.R.

Objectif Cinéma : Il y a aussi la question de la restauration des films…

Stéphane Kahn : C’est un vrai souci effectivement. Il existe même des films de réalisateurs connus pour lesquels nous ne possédons plus de copies. L’enfance égarée de Christophe Ruggia par exemple. C’est un chantier très important. On a mis en place une aide au tirage des copies qui pour l’instant concerne les films récents et concernera, je l’espère bientôt, ceux qu’on avait appelés les films « à bout de souffle ». Une étude a été faite à l’Agence sur ces films incontournables, ces classiques pour lesquels la copie était en mauvais état ou n’existait plus.

Philippe Germain : Comme nous sommes dans un secteur très fragile économiquement, il y a très peu de dépôts légaux d’archives. Cela signifie que tout un patrimoine de la création cinématographique risque de disparaître. Soit parce que les copies effectivement ne sont plus en bon état, soit parce que les films réalisés avant la création de l’Agence ont disparu. La numérisation du fond, la restauration des copies sont des chantiers importants, or nous n’avons pas actuellement, au niveau de nos subventions et de nos missions, de vocation à devenir une cinémathèque. Peut-être que ce travail devra être mené avec les Archives du Film. Cela voudrait dire aussi que le statut politique de l’Agence devrait évoluer, avec l’obtention d’une délégation de service public, une négociation avec l’Etat sur la conservation et la numérisation des films. Mais il ne faut pas perdre ce patrimoine qu’on est presque seuls à avoir !

  La maison du film court (c) D.R.

Objectif Cinéma : Vous ouvrez prochainement un portail du court métrage sur Internet : pouvez-vous nous en dire plus ?

Philippe Germain : Il sera en ligne début 2004. Le corps du portail sera une base de données qui donnera la possibilité de rechercher thématiquement des informations dans 20 ou 25 ans d’histoire du court métrage français et bientôt européen. Le site essaiera aussi d’agréger d’autres sites ou d’autres opérateurs, avec toujours en tête cette mission de service public en faveur du cinéma indépendant dont le dénominateur commun est le court métrage. Il y aura également d’autres rubriques, des forums, des agendas, des questions de cinéma, mais n’y aura pas de diffusion de films en ligne. L’idée générale, c’est d’avoir sur un même site, à l’aide de nombreux liens, un certain nombre d’informations sur le court métrage pour le public, les journalistes, les réalisateurs, etc. Mais c’est vrai que tout ne se fera pas du jour au lendemain !

C’est aussi un modèle politique : on se rend compte que tout le monde développe des sites ou des bases de données, mais personne ne pense à se mutualiser. Nous voulons développer ce modèle avec d’autres partenaires, et à partir du moment où nous avons des convictions communes, mettre en place des modèles communs d’intervention. C’est quelque chose qui nous tient à cœur. Comme ce projet de mettre en place un pôle du court métrage à Paris regroupant d’autres partenaires comme La Maison du Film Court, le Groupement National des Cinémas de Recherche, Les Enfants de Cinéma, etc, pour qu’il y ait à Paris un lieu qui pense, respire « court métrage », de sa création jusqu’à sa rencontre avec les publics. Le problème, c’est qu’à part le CNC et l’Etat (qui soutiennent l’Agence), nous ne sommes pas sûrs d’intéresser les collectivités, plus attirées par l’événementiel. Le travail structurant à long terme ne les intéresse pas. Je le perçois très fort en ce moment et un peu partout, pas seulement ici. « Est-ce que cela va rapporter très vite quelque chose ? » est la question qui revient le plus souvent.