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Objectif Cinéma
: L'entrée dans le milieu de l'édition
a-t-elle été difficile ? Les maisons en place vous ont-elles
traiter comme des concurrents à abattre ?
Thierry Steff : Pas du tout.
Nous faisions ce qu'il ne voulait pas faire. Si on avait pris
Jugnot qui écrit ses mémoires, là il y aurait eu des grincements
de dents. Mais pour des livres sur le cinéma bourrés de photos,
il n'y avait pas de grosses inquiétudes. Notre chance, c'est
d'avoir remporté très vite après notre création un contrat
avec Disney. Pour L'étrange Noël de Monsieur Jack,
la maison mère nous a préféré à Hachette, qui n'a pas mis
non plus tout son poids dans la balance, sinon le rapport
de forces nous aurait défavorable. Nous avons donc acheté
une licence avec Disney qui nous a permis d'éditer plusieurs
livres qui ont bien marché : “ Tarzan ”,
“ Milles et une pattes ” ou “ La
Vie de Walt Disney ”. Ensuite, on a reproduit l'opération
avec la Warner, ce qui a donné notamment un livre sur “ Batman ”
et un autre sur “ Mars Attacks ”.
Objectif Cinéma : Et
les relations avec Les Cahiers du Cinéma ?
Thierry Steff : Neutres. Diplomatiques.
Je leur ai longtemps envoyé des bouquins, mais ils n'en parlaient
pas. Cela m'a énervé, alors j'ai arrêté. Récemment, j'ai reçu
un e-mail de Jean-Michel Frodon. Des condoléances polies.
Objectif Cinéma : Comment
choisissiez-vous vos auteurs ?
Thierry Steff : Avant tout,
nous cherchions des passionnés. On les rencontrait souvent
par relations. Des profs de cinéma qui nous connaissaient
aiguillaient leurs étudiants vers nous, quand ces derniers
avaient un projet de livre. Mais nous avions aussi des textes
qui nous arrivaient du Canada ou d'Italie. Au final, nous
avions toujours plus de propositions que les quinze titres
par an que nous étions capables d'éditer.
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Objectif Cinéma
: Comment se déroulait la collaboration
avec ces auteurs ? Sur l'écriture, les coupes, les illustrations
?
Thierry Steff : Ils intervenaient
dans le processus de création. Nous discutions avec eux pour
le choix des photos. Et, en fonction des impératifs, on tombait
généralement vite d'accord. Pour les coupes, quand le texte
était trop long, nous laissions les auteurs s'en charger.
Sur un sujet comme le western européen, je ne connaissais
pas le thème dans ses détails. Donc, il faut faire confiance
à l'auteur, à la fois sur la véracité du contenu et aussi
sur sa capacité à condenser son propos. Mais, sur chaque titre,
je signalais les passages que je ne comprenais pas en tant
que lecteur et qu'il fallait donc clarifier. Nos plus gros
problèmes, nous les avons rencontrés avec les thèses. Déjà,
quand des travaux universitaires vous arrivent avec dix fautes
d'orthographe par ligne et trente redondances par page, il
y a de quoi s'énerver. Surtout quand on sait que les directeurs
de thèses sont de grands journalistes, des figures du métier.
Et puis, certaines de ces thèses n'étaient pas destinées pour
le plus grand nombre. Elles contenaient des mots incompréhensibles.
Quand on doit aller chercher le dictionnaire pour saisir la
signification d'une phrase, ce n'est pas très bon. Parfois,
on a laissé passer des textes de ce genre et on n'aurait pas
dû.
Objectif Cinéma : Le
fait d'être aussi auteur a joué dans votre relation avec eux
?
Thierry Steff : Je n'ai écrit
qu'un bouquin, mais c'est vrai qu'on les respecte plus en
sachant le travail que cela représente.
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