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Contes de  l'horloge (c) D.R.

Objectif Cinéma : La cohésion entre les trois films dans les dessins de Rubak est renforcée par le thème commun des rouages de l’horloge… Pour moi, c’est inhérent à l’œuvre de Staréwitch par le côté technique, et par le fait qu’il rentre dans l’infiniment petit pour nous parler de quelque chose de plus grand…

Xavier Kawa-Topor : Pour nous d’abord, il était évident que le film-titre de ce long métrage était L’Horloge magique. Ensuite c’est effectivement une projection de lui-même : cet horloger qui fabrique en secret un monde dont il entend être le maître, c’est effectivement lui. La parabole sur la maîtrise du temps dénote également l’esprit d’un réalisateur d’animation : en arrêtant le temps image par image, il recrée un temps artificiel. L’horloge, comme le cinéma, est aussi une machine à remonter le temps.


Objectif Cinéma : Ca correspond à votre approche de restauration d’un film muet : c’est ramener le passé vers nous et lui redonner vie…

Xavier Kawa-Topor : Tout à fait. C’est aussi une image intéressante sur la façon dont ce film remet en marche le mécanisme de Staréwitch.


Objectif Cinéma : Le thème des rouages est tellement riche qu’il habite tous les films. C’est une mécanique à rêver !

Xavier Kawa-Topor : Absolument, le motif de la mécanique commence dès le premier film, la Petite chanteuse des rues, avec le limonaire, actionné par Nina Star - comme une caméra - avec une manivelle, ce qui introduit une certaine rythmique liée à la valse. Il y a aussi la boîte à musique de la Petite parade où l’on retrouve Nina comme petite danseuse, et enfin la machine à coudre sur laquelle elle confectionne les costumes des personnages dans l’Horloge magique. Ce thème est hérité de la fin du XIXe, avec ce mythe du progrès mécanique et de la maîtrise de l’homme sur la nature. C’est aussi apparent dans le personnage du maître horloger, Bombastus, qui ressemble au Maître Zacharius de Jules Verne (le personnage principal de cette oeuvre de jeunesse de Verne était un horloger genevois obsédé par l’écoulement du temps, NDLR).

  Emile Cohl (c) D.R.

Objectif Cinéma : Quelle est la place de Ladislas Staréwitch dans le cinéma d’animation ?

Xavier Kawa-Topor : C’est un géant de l’animation en général, et l’un des maîtres essentiels d’un genre d’animation, celui de la marionnette animée. C’est un pionnier : ses premiers films en Russie dans les années 1910 sont à peine postérieurs à ceux d’Emile Cohl, et à la façon d’Emile Cohl, il a inventé son propre cinéma et ses techniques. D’autre part, c’est aussi un des pionniers du cinéma russe en images réelles. Donc il a un rôle historique certain.