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Objectif Cinéma
: Est-ce que Les Enfants de la
colère est un résumé de la vie d'Ingo Hasselbach ?
Winfried Bonengel : Non. C'est
d'ailleurs l'un des gros malentendus qui entourent le film.
Bien sûr, il s'est servi de son expérience pour écrire avec
moi le scénario. Nous avons plutôt essayé de mêler le parcours
de plusieurs néonazis en insistant sur l'amitié qui unit les
deux personnages. Les fréquentations que vous avez, c'est
ce qui vous sauve ou vous enfonce. Sans Tommy, Heiko n'aurait
peut-être jamais fréquenté le milieu néonazi, mais sans lui
il n'aurait jamais pu s'en sortir.
Objectif Cinéma :
Vous parlez de malentendus. En Allemagne et en France, les
critiques ont en effet été très partagées vis-à-vis de votre
film. Comment l'interprétez-vous ?
Winfried Bonengel : En Allemagne,
ce sont les journaux de Berlin qui ont descendu mon film.
Pas toujours pour des raisons cinématographiques d'ailleurs,
mais plutôt pour des inimitiés personnelles. Le “ Süddeutsche
Zeitung ” l'a quant à lui soutenu. Le journaliste n'a
même pas vraiment fait une critique du film, il s'en est violemment
pris à ses confrères qui avaient attaqué le film ! En France,
c'est un peu la même chose. Les “ Cahiers du cinéma ”
et les “ Inrocks ” ont aimé. Alors que “ Le
Monde ” et “ Libération ” ont détesté. Je peux
comprendre qu'on n'aime pas un film, mais quand je vois les
arguments avancés, je me demande si les auteurs de ces articles
n'ont pas des problèmes ! Enfin bon, mieux vaut une petite
polémique que de l'indifférence, et puis certains critiques
m'ont gratifié de jolis compliments. En Allemagne, l'un d'entre
eux a comparé mon style à celui de Fassbinder. Notamment parce
que j'ai pris des acteurs néophytes.
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Objectif Cinéma
: C'est vrai que les deux acteurs
principaux, Christian Bluemel et Aaron Hildebrand, sont remarquables.
Comment les avez-vous choisis ?
Winfried Bonengel : Par casting.
Difficile de procéder autrement. Il n'existe pas beaucoup
d'acteurs de dix-huit ans qui sont de véritables professionnels.
Et je ne voulais surtout pas faire jouer les deux héros par
des acteurs plus âgés et déjà connus du public. En prenant
des débutants, je conservais une certaine crédibilité, une
certaine innocence aussi. La perte de l'innocence, c'est un
thème qui me passionne, c'est l'une des idées centrales des
Enfants de la colère.
Objectif Cinéma :
Il y a eu un gros travail de préparation ?
Winfried Bonengel : Oui, bien
sûr. Il fallait les mettre en confiance, leur expliquer qu'ils
ne pouvaient pas faire d'erreurs, que celui qui ferait des
erreurs, ce serait moi.
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