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Objectif Cinéma :
C’est le matte-painting.
Le procédé était alors courant en France ?
Jean-Marie Vivès :
La technique du matte ne s’est jamais vraiment développée
en France. Dès qu’on parlait trucages ou effets spéciaux,
il y avait une suspicion, c’était bon pour les Américains.
Même un simple fondu enchaîné était considéré comme appartenant
aux effets spéciaux ! Il faut dire que la Nouvelle
vague avait porté un coup fatal aux trucages. Les trucages
viennent du tournage en studio, pas en extérieurs. En quelques
années, de nombreux métiers ont disparu.
En revanche, le cinéma américain a toujours utilisé les
mattes. Beaucoup en Technicolor et même dans les films noirs
du style Humphrey Bogart. On en repère facilement dans tout
le cinéma des années 50 et 60, les séries B, ou des Hitchcock
comme La mort aux trousses.
Pour les majors d’Hollywood, c’était simple. Il y avait
toujours une équipe de peintres à proximité, payée à l’année.
On attendait que le cadre soit bien calé, et on faisait
peindre une partie de la vitre, avec une sorte de caoutchouc
liquide, noir, de façon à occulter la partie de l’image
qui ne devait pas être impressionnée par la pellicule. Après,
en labo, on repeignait la partie manquante avec un paysage
ou un décor quelconque...
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Objectif Cinéma :
Et en France, c’est le film publicitaire qui a relancé l’utilisation
des mattes ?
Jean-Marie Vivès :
Non, car c’était très long à réaliser, et le rythme en pub
est bien trop rapide. Les mattes commencent en France avec
le long-métrage. Les Américains avaient déjà relancé les
films de divertissement, les effets spéciaux. Le cinéma
français a un peu suivi, dans la mesure de ces moyens, car
on n’avait encore aucun matériel.
Je poursuivais mon métier d’illustrateur, on faisait appel
à moi dès qu’un film avait besoin d’un matte : Transit,
Jean Galmot aventurier, Bunker Palace Hotel…
Quand je faisais des mattes en couleurs, je passais
mon temps à faire de la recomposition trichrome. Plutôt
que de travailler le dessin lui-même, j’essayais de recomposer
une image couleurs, s’assurer que ça colle avec le film.
Depuis l’arrivée du numérique, je peux consacrer tout mon
temps à l’image elle-même, à faire de la création.