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Objectif Cinéma :
Depuis vos débuts, comment a évolué
la constitution des équipes ?
Jacques Saulnier : Dans
les années soixante, sur un film « moyen », j’avais
en général deux assistants, un ensemblier - poste très important
à mes yeux - et un régisseur d’extérieur pour faire les achats.
Ceci n’a pas fondamentalement changé. Mais les constructeurs
et les peintres étaient plus nombreux. A l’époque, ils étaient
payés comme dans le bâtiment. Aujourd’hui, la main d’œuvre
est beaucoup mieux payée, donc embauchée au compte-goutte.
Et comme il y a moins de travail, les gens ont dû changer
d’emploi.
Certains budgets sont à tel point qu’on doit parfois travailler
seul…Pour Mélo, Resnais m’a appelé : « J’ai
un projet, ça dépend de toi. Est-ce que tu peux le faire pour
1 million de francs ? Tout compris, les salaires, la
location studio… » J’ai réfléchi une semaine
et j’ai accepté, pour le sujet, pour Resnais. J’ai fait ce
décor seul, sans assistant. Inutile de vous dire qu’il m’a
fallu travailler deux mois sans être payé ! Mais bien sûr,
le producteur - c’était Marin Karmitz - ne s’en est pas rendu
compte !
Pour Pas sur la bouche, j’ai quand même pu prendre
un assistant formidable, et une ensemblière que je ne connaissais
pas et qui a fait un travail très subtil. Cela m’a rassuré
quant à l’avenir de nos métiers. Mais maintenant, il faut
tout dessiner très vite, tout connaître, prendre tout de suite
des décisions. Et à cause du budget, sans cesse trouver des
astuces.
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Objectif Cinéma :
Vos premiers décors sont co-signés
avec Bernard Evein, qui par la suite travaillera souvent pour
Jacques Demy.
Jacques Saulnier : Bernard
Evein faisait partie de la promotion IDHEC qui précédait la
mienne et nous étions très copains. N’ayant pas fait de stage,
il ne pouvait pas avoir de carte professionnelle, et a proposé
qu’on travaille ensemble. On a fait 5 ou 6 films, on signait
ensemble au générique, et à deux, nous étions bien plus forts
avec les producteurs pour obtenir ce qu’on voulait. On s’entendait
et se complétait très bien, de par nos formations : il
était plus peintre et moi plus architecte. Quand nous avons
eu plusieurs propositions en même temps, il a fallu nous séparer.
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