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Objectif Cinéma :
Pensez-vous qu’il existe une spécificité de l’écriture de
dessin animé ?
Jacques Rémy Girerd :
Je n’ai jamais écrit de films de fiction donc c’est difficile
de comparer mais je ne crois pas. Une histoire est une histoire
que ce soit un conte écrit, un spectacle de marionnettes,
un film. Il y a un peu de spécificités techniques inhérentes
à l’animation et puis en fiction, on s’autocensure beaucoup
plus, en animation, on a plus de liberté. On est aussi peut
être plus proche de la littérature en animation, on n’a
pas de blocage, on n’est pas limité, tout est permis.
Objectif Cinéma :
Vous dites dans le dossier de presse du film que « l’émotion
doit toujours prendre le pas sur la technique »,
est-ce que cela revient à dire que la technique se met au
service du scénario ou l’inverse ?
Jacques Rémy Girerd :
En tant que réalisateur, je ne suis pas un technicien de
l’animation. Je ne suis pas animateur moi-même contrairement
à Sylvain Chomet par exemple. Je n’ai pas d’habileté dans
ce domaine et pour moi, la technique n’est pas importante,
ce qui compte ce sont les intentions du film, les idées,
le contenu, ce qui va passer. Après tout, si ce n’est pas
bien fait techniquement, ce n’est pas si grave. Ça reste
essentiel car je travaille avec des gens qui sont forts
et qui font bien leur travail mais je n’accorde pas une
grande importance à la virtuosité technique. Une seule vraie
émotion vaut plus que mille virtuosités techniques.
Dans mon travail de réalisateur, quotidiennement, après
le graphisme, il faut créer un plan et qu’il ait un sens.
Si vous vous levez pour aller dans une pièce à côté, ce
qui m’intéresse, ce n’est pas la manière dont on va faire
bouger les bras, remonter ceci ou cela, mais quel sentiment
vous allez faire passer dans cette scène en vous levant
pour partir. Va t-on exprimer de la colère, de la déprime
ou de la lassitude et comment faire passer ce truc-là ?
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Objectif Cinéma :
Mais la couleur, par exemple,
fait partie de la narration ?
Jacques Rémy Girerd :
La couleur n’a pas une importance technique. Pour moi, elle
a une importance artistique. Si le ciel est rouge par exemple,
on va développer un sentiment, quelque chose d’essentiel
dans le contenu de la narration. Je ne passe pas beaucoup
de temps à m’occuper de la technique. Chez Disney, ils ont
une myriade de superviseurs pour tout ça, moi je n’ai même
pas d’assistant. Je discute avec chacun et je fais comme
je pense, mais c’est important cette question du graphisme.
On voit dans le film qu’on ne fait pas d’esbroufe, de démonstration
technique. Au contraire on soigne les petits détails, la
douceur, la tendresse, que des petites choses qui ont une
grande importance et qui se retrouvent beaucoup dans des
personnages comme le petit garçon, Tom, quand à un moment,
il se gratte la jambe. Il n’est pas obligé de faire ça.
On est dans la vérité, dans la sincérité.