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Objectif Cinéma :
Etes-vous intervenu en post-production ?
At Hoang : Dès les repérages,
avec Maxime Rebière qui était chargé du storyboard, on avait
fait des dessins en indiquant le décor, la lumière, et les
incrustations pour recréer les fonds de montagnes du Tibet.
Le tout à l’attention de la post-production.
Après le tournage, j’ai rejoint Jean-Jacques Annaud à Londres
pour visionner tous les rushes. En photographiant directement
l’écran de visionnage, j’ai obtenu des tirages que j’ai retravaillés.
La post-production, les mattes, la 3D,… ont été réalisés par
Magic Caméra, ceux qui ont fait ensuite l’arène de Gladiator.
J’ai travaillé avec eux, et quand j’ai dû partir sur un autre
film, ils avaient une pile de documents, les photos retouchées
avec les modifs, les commentaires de Annaud, en somme un cahier
des charges pour chaque séquence.
J’étais donc comme un directeur artistique, un poste qui n’existe
quasiment pas en France. Ici, on ne connaît que depuis peu
le métier de production designer, ou les possibilités du digital.
Objectif Cinéma : Vous
avez mentionné le storyboard, en quoi vous sert-il ?
At Hoang : A connaître
le découpage, la valeur des plans. Qu’est-ce qu’on voit d’un
décor ? Est-ce qu’on a besoin de plafonner ? Les
Américains ont toujours utilisé le storyboard, alors qu’en
France, il a été longtemps réservé au film publicitaire. Et
les réalisateurs le snobaient, trouvant que ça faisait trop
pub, ou par peur d’en être prisonnier. Depuis une quinzaine
d’années, les choses ont évolué.
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Objectif Cinéma :
Le décor du second Astérix et Obélix :
mission Cléopâtre est délibérément différent de celui
du premier épisode.
At Hoang : On a volontairement
oublié le village gaulois du premier film. Le décor construit
à Arpajon par Jean Rabasse avait été démonté et d’ailleurs,
dans Mission Cléopâtre, il n’y a que deux séquences
dans le village. J’avais quand même suggéré de le faire en
maquette pour une vue en plongée, mais finalement, on n’a
retenu que la hutte de Panoramix. L’intérieur a été construit
en studio, et l’extérieur est une maquette réduite.
Objectif Cinéma : Avez-vous
tenu compte des images de la bande dessinée ?
At Hoang : Alain Chabat
avait adapté le scénario à la personnalité de Djamel, ce ne
pouvait pas être la même ambiance que la BD. Il était inutile
de reproduire chaque dessin de Uderzo. Pour le décor du palais
de Numérobis, je me suis dit : c’est un péplum, le décor
doit exister. Le spectateur doit suivre l’évolution du palais,
voir le chantier avec des personnages dedans.
Le format de l’image était 2,35. Le décor devait lui aussi
être très allongé, il fallait remplir, donner l’impression
de très grand mais en évitant la surcharge. J’ai revu ces
vieux films hollywoodiens, Les dix commandements, Cléopâtre…
Le jeu des comédiens est complètement noyé dans les détails,
il y a des sculptures partout, jusqu’au fin fond de l’image !
Quand Trauner a fait un décor de péplum (3), il n’a pas cherché
à faire grandiose, ni à tout reconstituer. Il a construit
juste des parties, de manière simple, et complété avec des
incrustations de maquettes.
Pour Astérix, j’ai utilisé des formes basiques, cherché
des solutions simples et graphiques, comme pour les échafaudages
du palais. C’est une forêt de rondins, ils forment une structure,
une masse mais sans boucher l’horizon. Et en plus, il n’y
avait rien à peindre ou patiner !
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