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Objectif Cinéma
: C'est la raison pour laquelle
aujourd'hui vous sillonnez les festivals ? Pour compenser
?
Devrim Alpöge : Évidemment.
Les festivals permettent de rencontrer des gens, des musiciens,
etc. Il est toujours utile de connaître une personne de
plus. On ne sait jamais ce qui va se passer. Par la suite,
on peut avoir besoin de tel ou tel professionnel pour faire
un film. Et, à ce moment-là, les liens qu'on a pu tisser
auparavant deviennent très importants.
Objectif Cinéma : Dans
quelles circonstances avez-vous tourné votre premier film
?
Devrim Alpöge : En fait,
je n'ai cessé de rêver du cinéma. À 15 ans, je m'imaginais
raconter mon premier chagrin d'amour. Je voulais remporter
des prix dans un festival, être à la place de l'interviewé
à la télé. Et, parallèlement, je faisais de la photo noir
et blanc. Après le bac, je suis parti trois mois en vacances
en Turquie. Toujours avec la caméra de mon père, sur une
idée d'un ami, avec d'autres amis pour acteurs, j'ai tourné
un court-métrage de 23 minutes, Mots en images. J'avais
fait un découpage très précis, un peu hitchcockien pour
savoir très précisément ce que j'allais faire. C'était l'histoire
d'un écrivain qui cherche l'inspiration. N'y parvenant pas,
il sort et observe les gens dans la rue. Il rentre chez
lui, s'endort et fait un cauchemar. Le roman se construit
dans son rêve avec comme personnages les personnes qu'il
a croisées. À son réveil, il se place devant sa machine
à écrire et commence à taper. Ce n'était pas très ambitieux,
mais Mots en images a reçu un prix - le prix du jury
- au Festival du court-métrage d'Istanbul. J'étais très
content de cette récompense, mais je ne me considérais pas
pour autant comme un réalisateur.
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Objectif Cinéma
: Et après ce fut La Cigarette ?
Devrim Alpöge : Oui, mais
quelques années plus tard. Mots en images, je l'ai
tourné en 1989. La Cigarette en 2001. Entre-temps,
j'ai un peu mis ma passion en quarantaine. J'étais un peu
trop dans le confort. Il a fallu que mes parents repartent
en Turquie en 1999 pour que je me rende compte que je ne
m'étais pas bougé suffisamment. Et j'ai pris la décision
d'entrer dans le cinéma par n'importe quel moyen, par la
petite porte, par la cheminée ! Rapidement, je me suis tourné
vers la vidéo à l'époque un support pas très reconnu parce
qu'elle permet de tourner un film à moindre coût. Tout aussi
vite, j'ai décidé de faire des films ne dépassant pas trois
minutes. Je ne suis pas un conteur d'histoires. J'arrive
parfois à raconter convenablement une blague, mais c'est
le maximum que je puisse faire. Même si j'aime les films
narratifs, je suis incapable de réaliser une construction
dramatique, je ne suis pas un scénariste, je suis un créateur
d'images. Je suis fasciné par l'image en mouvement. Par
exemple, les clips m'intéressent beaucoup. D'ailleurs, j'en
ai fait quelques-uns pour des groupes turcs.