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  Festival Nemo #5 (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comme avec la caméra de votre père vous étiez contraints de filmer en trois minutes, n'avez-vous pas aussi développé une conception particulière de ce qu'est la fiction ?

Devrim Alpöge : Peut-être. C'est difficile de s'auto-analyser. Tout ce que je sais, c'est que je réalise des films de trois minutes, car pour l'instant je ne me sens pas capable d'aller au-delà.


Objectif Cinéma : Pour en revenir à La Cigarette, comment avez-vous eu l'idée de filmer uniquement des pieds ?

Devrim Alpöge : Je prends le métro tous les jours, et quand il y a du monde et qu'on est assis sur un strapontin, la seule chose que l'on voit, ce sont des pieds. Il est intéressant d’imaginer ce qu'il y a au-dessus. Cela fait jouer l'imagination du spectateur, et dans La Cigarette, je traite de ce décalage. Grâce à tout un jeu sur le son et des entrées d'objets dans le champ, j'ai essayé de raconter la recherche d'un mégot par un clochard auprès de gens attroupés à un abribus. Je pense que le scénario est assez bon, mais le tournage est raté. L'idée nécessitait un plan séquence, parce que si j'insérais des coupes, le spectateur n'aurait pas eu cette notion d'espace que je voulais mettre en place. Sauf qu'avec un plan séquence, si on rate une seule seconde, l'effet perd de son efficacité, et c'est ce qui s'est passé. De plus, comme je n'avais pas d'équipe autour de moi, cela ne me permettait pas de refaire indéfiniment. En le montrant à des amis, je voyais bien que quelque chose ne fonctionnait pas. Je l'ai proposé à Canal + qui l’a refusé. Après, je n'ai pas poursuivi les démarches. Si, un jour, je trouve un financement, j'essaierai de le retourner.

Festival Nemo #5 (c) D.R.

Objectif Cinéma : Cet échec vous a-t-il fait douter ?

Devrim Alpöge : Forcément un peu. Mais pas trop, car j'ai très vite trouvé une autre idée de film.


Objectif Cinéma : Grâce à des emballages !

Devrim Alpöge : Tout à fait. J'étais chez des amis quand avant de quitter l'appartement, l'un d'entre eux a plié un emballage de cigarette ou de barre chocolatée, je ne sais plus, et l'a placé dans un cendrier. L'emballage s'est mis à bouger tout seul pour prendre une forme étrange, comme s'il était vivant. Je me suis dit qu'il y avait une idée à fouiller. Celle de faire un film de montage que j'aurais pu présenter au Festival Nemo, qui soutient des productions indépendantes et expérimentales. Cela peut paraître calculateur, mais je déteste faire les choses pour rien. Je me suis donc mis à collectionner des emballages au grand désespoir de mon entourage. Pour ce film, la musique allait être primordiale, elle allait soutenir l'intensité dramatique. Je l'ai trouvé à RFI, où je travaille comme réalisateur. Il y avait le Cd d'un compositeur turc qui correspondait exactement à ce que je voulais. Ensuite, très vite, j'ai commencé à tourner avec un drap noir comme fond et avec une petite lampe pour lumière.