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  Pierre Richard (c) Matt Dray

Objectif Cinéma : Comment est né ce livre, Comme un poisson sans eau

Pierre Richard : Rien n’était prémédité. Avec mon vieux complice Christophe Duthuron, nous nous sommes amusés à écrire trois pages comme ça, pour le plaisir. Je racontais mes souvenirs, il les mettait en forme, je rajoutais des choses. Comme ça fonctionnait bien, on en a écrit quinze pages supplémentaires, puis on a continué. Pendant le tournage de Robinson Crusoe à Cuba, on travaillait ensemble tous les soirs. On a fait ce livre de manière ludique. Alors qu’on le terminait, j’ai été contacté par Le Cherche Midi éditeur qui voulait que j’écrive mon autobiographie. Je leur ai proposé ce livre à la place. Un peu plus tard, dans l’idée éventuelle d’en tirer un spectacle, j’en ai lu des extraits au téléphone à Jean-Michel Ribes, qui m’a proposé de le prendre dans son théâtre du Rond-Point. Les choses arrivent quand elles doivent arriver !


Objectif Cinéma : Le spectacle est, pour cause, très écrit, comme si vous transcendiez l’anecdote par la forme littéraire…

Pierre Richard : Je crois beaucoup à la forme. Au fond, je pourrais très bien raconter toutes ces anecdotes à la fin d’un repas, je l’ai d’ailleurs parfois fait, mais dans un langage parlé. Pour le livre, on voulait qu’il y ait un style, car c’est bien évidemment la manière dont on raconte une histoire qui est importante, plus que l’histoire elle-même. Il nous est arrivé de corriger un même texte cinq ou six fois jusqu’à ce qu’aucun mot ne nous échappe.


Détournement de mémoire (c) D.R.

Objectif Cinéma : Et sur scène, des choses vous échappent-elles pendant le spectacle ? Des trous de mémoire par exemple ?

Pierre Richard : C’est ma seule hantise au théâtre. Je ne l’ai pas au cinéma, puisque par définition, on peut refaire les scènes. Comme j’ai moins fait de théâtre que de cinéma dans ma vie, mon principal ennemi, au fond, c’est moi-même. Il y a des comédiens qui gèrent très bien ce trac. Quand Jean Vilar jouait deux ou trois pièces en même temps, il marquait des passages difficiles sur ses mains, ou sur ses manches. Moi je ne pourrais jamais faire ça : ça se verrait tout de suite ! Je me planterais dans les lignes !

(Pierre Richard nous demande une cigarette…)

Certains gèrent très bien les trous de mémoire par habitude. Arditi, qui a dû jouer 150 pièces, est plus à l’aise que moi sur scène ! Je me sens toujours un peu en danger, même si ça ne se voit peut-être pas trop…

(Il met la cigarette à sa bouche, mais…À l’envers, suscitant notre hilarité)

Tout à l’heure, j’étais au restaurant, je prends le poivrier, et d’un seul coup, tout le poivre tombe dans mon assiette ! C’est pas de ma faute, je ne l’avais pas dévissé, quelqu’un d’autre avait dû oublier de le revisser avant moi ! Évidemment c’était le fou rire général autour de moi, le garçon croyait que je l’avais fait exprès, etc !

Sur scène, tout est quand même très prévu, très précis, Christophe Duthuron est là tous les soirs pour me dire si j’ai oublié tel ou tel mot ou si j’ai fait une inversion...