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Objectif Cinéma :
On a l’impression en voyant Le
convoyeur, que tu avais déjà en tête le montage lors du
tournage…
Nicolas Boukhrief : C’est
comme ça que je tourne. Pour Va mourire, c’était la
même chose. Je ne me « couvre » pas au tournage :
à moi de me débrouiller alors pour que des plans ne me manquent
pas. Je n’aime pas demander à un acteur d’être au maximum
à un moment, et d’être à nouveau au maximum à un autre moment,
pour un autre angle. Je vois la prise comme une performance,
c’est comme si on demandait à un mec qui fait le 110 mètres
haies, de passer l’épreuve deux fois dans la même journée !
C’est pourquoi je fais des plans séquence, j’essaye de rechercher
une émotion, une énergie qui marque la pellicule. Si on commence
à se « couvrir », on va faire plein de prises, l’acteur
va jouer pour le gros plan, pour le plan large, et on aura
moins une perception globale de son interprétation. Ça m’arrive
de me couvrir toutefois un petit peu dans des scènes de champ
contre champ par exemple avec deux focales différentes :
une syntaxe classique que j’essaye d’éviter le plus souvent
possible, c’est mieux pour les acteurs, pour tout le monde.
Objectif Cinéma : Au
tournage, la musique est présente ?
Nicolas Boukhrief : Pour
la scène de fête dans Le convoyeur, Julien Boisselier
a mixé et Nicolas Baby a fait une musique sur le beat que
Boisselier avait pris. On avait le tempo, c’est pour ça que
tout le monde danse dans le même rythme. Je ne supporte pas
quand dans les scènes de fête au cinéma, on voit que certains
figurants en arrière-plan ne sont pas en rythme ! Ce
n’est pas évident à réussir car même dans la vie, ce n’est
déjà pas évident d’avoir tout le monde en rythme, mais au
cinéma, c’est souvent trop décalé !
Sinon, pour la scène du slow, il s’agit justement d’un des
morceaux que Nicolas m’a fait écouter alors que je n’avais
pas écrit le scénario. Quand je l’ai entendu, j’ai tout de
suite voulu dans le film une scène de fête avec un slow au
cours duquel il se passerait telle chose, etc. On a tourné
avec ce morceau, c’est d’ailleurs le seul qui a subsisté du
tournage. Quand on entre dans le flash-back, avec ces panoramiques
très longs, j’avais mis au cadreur et au chef machino qui
faisait le travelling, une oreillette avec un morceau que
Nicolas avait fait. Et puis on l’a remplacé. Mais il y a quand
même le mouvement… L’attaque de la fin, c’est un morceau qu’il
a composé un jour pour le film, et au montage, on s’est dit
que ce serait bien de le mettre là, mais je ne lui ai pas
demandé de faire un morceau qui ferait comme ci, comme ça…
Nicolas m’amène sans cesse des propositions : sur Le
Convoyeur, il m’a amené 70 boucles, des rythmes, des fragments.
J’ai déjà des choses en magasin pour mon prochain film, des
éléments qui n’ont rien à voir avec la musique du Convoyeur
mais des compositions avec des instruments différents, d’autres
thèmes, etc.
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