Objectif Cinéma : Quels
sont les problèmes rencontrés par le cinéma en Afrique ?
Moussa Sène Absa : Notre
problème est plus un problème de diffusion. Les salles de
cinéma en Afrique ferment, deviennent des temples, des centres
commerciaux. Elles ferment dans toutes les grandes villes,
et c’est valable dans tous les pays d’Afrique.
Objectif Cinéma : Madame
Brouette n’est pas sorti en France…
Moussa Sène Absa :
Il est sorti au Sénégal et au Canada, mais pas en France effectivement.
Il y a aussi un problème de diffusion en France. Il est paradoxal
que les Français financent le cinéma africain, mais ne donnent
pas leur chance aux films africains sur les écrans. Il va
finalement sortir en France le 21 juillet 2004 : c’est
une date formidable parce qu’il n’y a personne à Paris. On
a une programmation un peu bâtarde.
Je n’ai aucun complexe par rapport à ce film. J’ai reçu l’Ours
d’argent à Berlin devant des films américains et français.
C’est un problème de mentalité. Le principe des distributeurs
français est de penser que les français n’accrochent pas aux
films africains, ce qui n’est pas vrai. C’est un a priori
complètement faux. Il y a beaucoup de cinéphiles qui sont
las de cette cinématographie moderne américaine, même française,
qui tend vers le cinéma américain.
Objectif Cinéma : Dans
quelles conditions va-t-il être exploité en France ?
Moussa Sène Absa : On
a dix copies à Paris, le reste en Province, soit environ vingt-cinq
copies.
Objectif Cinéma : Et
au Sénégal ?
Moussa Sène Absa : La
sortie au Sénégal s’est faite sur 4 copies. Parce que Dakar
ne possède que deux salles, auxquelles s’ajoutent quelques
salles en banlieue. On a fait 15 000 entrées. Dans deux salles,
c’est beaucoup.
Et mon ambition justement c’est que le film soit vu, même
dans les régions, pas simplement dans la capitale. On est
en train de programmer une deuxième sortie. On ira dans les
villages, faire des projections foraines, même à perte. Car
le but du cinéma c’est d’être vu. Et pas seulement par un
petit nombre d’élus. Il va également sortir en Afrique centrale
en septembre, en Afrique de l’Ouest en octobre.