Objectif Cinéma : Quelles
relations entretenez-vous avec les autres librairies, spécialisées
ou non ?
Frédéric Damien :
Les librairies sont vraiment indépendantes
les unes des autres. Le métier de librairie est assez solitaire :
c’est aussi pour ça que je l’exerce. On a des relations de
bonne confrérie : on donne les adresses, on se téléphone
assez régulièrement pour savoir si on a un livre en stock.
Mais c’est tout de même assez réduit.
Objectif Cinéma
: Comment constituez-vous votre
fond ?
Frédéric Damien : Pour
nous, le fond se crée sur un certain nombre d’années. Cela
dépend de la librairie, il y a plusieurs manières de procéder.
On peut se baser sur l’actualité, ne proposer que des livres
récents. C’est par exemple le cas du rayon cinéma à la FNAC.
Mais on peut aussi travailler sur un fond plus ancien, ce
qui est notre cas. Nous avons aussi les livres qui ont deux
ou trois ans, c’est plus rare. En effet, les livres de cinéma
ont une durée de vie assez courte. Ce sont des publications
à hauteur de 1 500 ou 2 000 exemplaires. Même quand ça marche
bien, ils ne sont pas toujours réimprimés rapidement. Le fond
s’enrichit aussi de livres anciens.
C’est ce qui fait la qualité de Ciné Reflet. Cela nous permet
aussi de mieux nous en sortir qu’une librairie générale, qui
subit la concurrence des grandes librairies et des supermarchés.
C’est notre originalité et notre force, en quelque sorte.
Objectif Cinéma :
Quelle est votre politique en matière
de choix d’ouvrages ?
Frédéric Damien :
Bien sûr, le fond s’enrichit à
chaque nouvelle parution. Moi je retiens les livres qui me
semblent essentiels. L’internationale situationniste,
de Guy Debord, c’est à mon sens quelque chose d’important.
Ensuite, il y a des livres plus secondaires, qui vont intéresser
moins de gens. On les garde référencés quand même.
Objectif Cinéma
: Comment travaillez-vous avec
les éditeurs ?
Frédéric Damien : Une
grande part des éditeurs a un distributeur. Il y a par ailleurs
une multitude de petits éditeurs qui s’auto-distribuent. Bien
sûr, on s’adresse aussi à eux. Parfois je découvre un livre
en lisant la presse spécialisée en cinéma ou non, chez un
confrère, dans Livres Hebdo. Et puis les éditeurs nous envoient
des courriers.
En ce qui concerne les conditions commerciales, on a une remise
équivalente à 35 %. Pour un petit éditeur qui laisse en dépôt
une publication, ça peut m’arriver d’accepter les 30 %. Sur
les publications indépendantes, je travaille à moitié en dépôt,
à moitié en achat. J’essaie toujours de ne pas prendre de
grosses quantités. La faculté de retour en librairie c’est
une espèce de privilège. C’est une sécurité très précieuse,
mais parfois je trouve ça un peu facile.
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