Objectif Cinéma : Votre
grand souvenir de théâtre ?
Clovis Cornillac : J’en
ai plusieurs, justement. Parce que j’ai travaillé avec des
gens très différents. Le Mahabharata est un énorme
souvenir. J’ai fait huit ou dix spectacles avec Alain Françon
dont les pièces de guerre d’Edward Bond qui reste aussi un
moment très fort. Avec Matthias Langhoff, il y a eu aussi
Désir sous les ormes, un vrai tournant.
Objectif Cinéma : Et qu’est-ce
que vous en avez appris ?
Clovis Cornillac : Il
n’y a pas de question d’apprendre. Souvent les gens nous posent
cette question. Moi, je n’y crois pas beaucoup. Le jeu, c’est
tout sauf théorique. En fait, c’est apprendre à se connaître,
au fur et à mesure que vous apprenez à travailler, vous apprenez
à vous rencontrer. Et puis, on évolue en vieillissant, les
enjeux changent. Il n’y a pas de clé, de secret. Ce sont des
choses qui se constituent comme la vie.
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Objectif Cinéma : Comment
définissez-vous en tant que comédien votre relation au rôle ?
Clovis Cornillac : Comme un
travail. J’adore travailler, donc j’ai une passion. Depuis
trois ans, je ne fais que des films. Donc pour parler du présent,
c’est une relation de travail, de désir, d’envie d’interpréter.
Par rapport à un rôle, je suis très simple. Selon moi, un
rôle ne se prépare pas. Je n’ai pas d’annotations. Je laisse
l’imaginaire travailler. Par exemple, là, en vous parlant,
à des moments, je vais penser à des rôles que je vais interpréter
dans trois mois, les choses mûrissent comme ça… Je laisse
beaucoup d’imagination et ensuite, je suis dans le travail
au moment où je suis sur le plateau. En dehors, c’est pareil,
c’est par bribes d’imaginaire, mais j’ai une vie totalement
normale. Je ne vis pas comme un assassin quand je joue un
assassin, ni comme un cocu même si je joue un cocu…
Objectif Cinéma : Qu’est-ce
que le jeu apporte finalement à votre vie ?
Clovis Cornillac : C’est
vrai que c’est difficilement quantifiable. Jouer est une partie
intégrante de moi, c’est un socle, donc ça me constitue. Ce
que ça m’apporte, c’est que je sais que je jouerai toujours.
Je ne sais pas comment l’expliquer, à part si j’avais un énorme
accident qui m’empêcherait de jouer, parce qu’on ne me désirerait
plus et qui ferait que je ne pourrais plus me mouvoir sur
scène. En dehors de ça, je crois que c’est ma vie. Il y a
ma famille, bien sûr, mais ma vie fait vraiment partie de
cela.
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