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Blow Out (c) D.R.

Objectif Cinéma : Il y aurait presque une mise en abîme entre le travail sur la forme classique cinématographique, entrepris par De Palma et le travail que tu fais avec ce livre sur la forme critique cinématographique…

Luc Lagier : C’est déjà prendre le recyclage à bras le corps. Je m’occupe déjà d’une émission de télévision qui parle aussi beaucoup du recyclage, du found footage, du travail sur la pellicule, etc. Je suis complètement obsédé par ça. La mise en abîme se trouve aussi dans le fait que tous les personnages de De Palma cherchent quelque chose dans l’image. Forcément, je ne suis plus à me plonger dans cette métaphore, il y a toujours quelque chose de caché derrière l’image, comme dans les films de De Palma. Une image en cache toujours plusieurs autres. Mais il y a effectivement des mises en abîme à la pelle dans mon livre…


Objectif Cinéma : On a curieusement l’impression que tu évites les films les plus évidents dans la mise en abîme, comme L’esprit de Caïn, à l’extrême de ce qu’on peut trouver dans le maniérisme…

Luc Lagier : Je ne tenais pas à parler de tous les films, et faire ainsi un livre trop classique et pas assez personnel. Effectivement, j’affiche mes goûts personnels, on ne trouve ni Sisters, ni Le bûcher des vanités, ni L’esprit de Caïn : ce sont des films que j’aime beaucoup moins. J’aurais pu en dire beaucoup de choses si j’avais eu à les analyser, mais je ne voulais pas le faire, on peut toujours produire du sens par rapport à un film, mais aime t-on le film ou pas ? Il y a un moment donné où le goût et le rapport personnel qu’on a au film doivent être importants, et les quinze films que je traite sont des films que j’aime personnellement beaucoup. J’en idolâtre même certains comme Blow Out, Phantom of The Paradise ou L’Impasse auxquels je consacre une partie plus importante. Je souhaitais que l’analyse de films ne gâche pas ce que je pensais des films au départ. La première vision est toujours la bonne en fait. Je ne voulais donc pas inclure tous les films, et j’exècre les bouquins qui partent du principe qu’il faut le faire. Je défends l’idée d’une rêverie cinéphile qui se perdrait un peu dans les films de De Palma et je pense que le voyage serait moins pertinent si toutes les étapes étaient connues d’avance par le lecteur. Après, le choix est subjectif. Il y aussi une limitation du nombre de pages. Je n’ai pas eu à couper le texte, mais c’était tout juste.

  Phantom of Paradise (c) D.R.

Objectif Cinéma : Dans le livre, tu n’analyses pas non plus la période « années 60 » ?

Luc Lagier : Non, je voulais que le livre commence par l’entretien avec De Palma, je trouvais que c’était une entrée plus douce. Je trouvais aussi très naturel que le cinéaste s’exprime d’abord. Dans l’entretien, De Palma a bien joué le jeu, ce qu’il raconte est intéressant, et je trouvais que c’était une agréable façon de commencer.  Pour De Palma, tout naît dans les années 60. Comme tout est dit par lui sur cette période, je développe à ma façon des choses qu’il n’a pas développées parce qu’il n’en a pas envie, notamment des choses par rapport aux années 70. Je tenais aussi vraiment à ce que De Palma ouvre lui-même le livre, cela apporte une plus value, il participe ainsi d’une certaine manière au livre.