Objectif Cinéma :
Comment Bruno Podalydès t’a présenté
ce personnage d’Otto ?
Jean-Noël Brouté : Il
me disait qu’il me ressemblait un peu, ce genre de type un
peu neutre, qui ne se mouille jamais, qui arrondit les angles :
c’est un peu vrai !(rires).
Objectif Cinéma :
Pourquoi avait-il appelé ce personnage
Otto ? Vous en aviez parlé ?
Jean-Noël Brouté :.Je
ne sais pas, il ne m’avait rien dit, je n’ai pas posé la question.
D’ailleurs dans le film, il y avait une scène coupée dans
laquelle je peignais un tableau de Vermeer. Je crois qu’il
remettra les scènes le jour où il fera la version longue du
film (5 ou 6 heures) pour l’édition en DVD.
Objectif Cinéma : La
dimension burlesque de ton personnage était-elle déjà présente
dans le scénario ?
Jean-Noël Brouté : C’était
plus le côté enfantin qui ressortait et qui lui plaisait bien. Dans
les rapports des deux amis (Otto et Albert, joué par Denis
Podalydès), des galopins en fait…Mais tu disais…burlesque ?
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Objectif Cinéma :
Burlesque parce que le personnage est en décalage et qu’il
fait rire par des paroles que les autres n’entendent pas ou
des gestes amusants, comme cette façon de mettre de l’eau
de Cologne sur son torse alors qu’il discute avec Albert dans
la salle de bain, dans la première partie du film…
Jean-Noël Brouté :
Oui, mais c’est pour cela que j’ai du mal à parler de ce que
je fais, car plus ça va, moins je travaille ce que je fais.
Et si le manque de certitudes est plus présent pour moi aujourd’hui,
c’est qu’avant, j’avais l’impression de contrôler davantage
les choses, de travailler un peu. Or je me suis aperçu que
plus je laissais venir les choses, plus elles étaient vraies.
Mais techniquement, tu n’as plus alors aucun filet. Et effectivement,
en ayant revu récemment Dieu seul me voit et plus précisément
cette scène, je ne me suis pas rendu compte de ce petit geste
en le faisant et je ne l’aurais d’ailleurs pas trouvé en y
réfléchissant à l’avance. Il est venu tout seul. Je m’aperçois
qu’à part le texte que j’apprends vraiment, je laisse faire
le reste le plus possible…Je laisse venir. Du coup, je n’ai
pas la pression en moi de dire telle chose de telle façon
et de s’y tenir, etc.
Objectif Cinéma : Cette
façon de travailler est venue avec Bruno Podalydès ?
Jean-Noël Brouté : Oui,
le déclic a justement eu lieu sur le tournage de Dieu seul
me voit. C’est la première fois où je me suis senti
très libre en jouant. Cela vient aussi du regard de Bruno :
tu sens quand quelqu’un te regarde jouer et qu’il est content
de ce qu’il voit. Sinon le jeu fluide de Denis déteint aussi
sur moi. Et sur ce film, je m’étais trouvé très à l’aise.
Pourtant il y avait des scènes dures, comme le plan séquence
de la chambre d’hôtel à Toulouse. Cette scène était un régal,
on l’a fait de nombreuses fois, pas seulement à cause de nous,
mais parce qu’il y avait des problèmes techniques, de lumière,
etc. A chaque fois, c’était un bonheur de le faire, il y avait
une sorte d’évidence.
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